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D�cembre 2008 |
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L’échec du cycle de Doha entraînerait à l’échelle mondiale des pertes de commerce et de bien-être 3 fois plus importantes que les gains estimés d’un succès du cycle. En cas d’échec, en effet, on ne peut imaginer rester dans un statu quo privant seulement l’économie mondiale des gains potentiels d’une ouverture négociée des marchés. Il faut s’attendre à une régression : une multiplication des conflits commerciaux et une remontée de la protection.
Cette idée a été présentée dans différents travaux menés au CEPII parYvan Decreux,Lionel Fontagnéet David Laborde. Récemment, Antoine Bou�t et David Laborde ont cherché pour l’IFPRI à en proposer une estimation chiffrée. Leur scénario de remontée modérée de la protection indique que les pertes provoquées par un échec du cycle seraient de 3 fois (commerce et bien-être mondiaux) à 4 fois (bien-être du Sud) plus importantes que les gains attendus d’un succès.
Les travaux du CEPII ont à différentes occasions expliqué pourquoi les gains du cycle apparaissaient faibles et le cycle peu mobilisateur :
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- • Les gains estimés sont faibles car l’ouverture des marchés industriels est déjà très grande et celle des marchés agricoles politiquement très sensible ; les exceptions admises à l’ouverture agricole en limitent fortement les gains potentiels. Par ailleurs, si les progrès de la modélisation permettent désormais une analyse fine de l’ouverture commerciale, il reste que les modèles comme MIRAGE (utilisé dans tous les travaux mentionnés ci-dessus) ne retiennent que les effets quantifiables de façon très robuste et fournissent de ce fait des évaluations a minima des gains potentiels.
- • Le « Cycle du développement » est peu mobilisateur dès lors qu’il n’apparaît pas particulièrement favorable aux pays du Sud dans leur ensemble. Seuls quelques grands exportateurs tireraient leur épingle du jeu (Christophe GoueletMaria Priscila Ramos). Pour les autres, les enjeux de l’élimination des barrières à l’entrée des marchés agricoles des États-Unis et de l’Union européenne sont globalement très faibles (même s’ils peuvent être significatifs pour leurs populations agricoles et pour des produits bien ciblés). Les vrais gagnants seraient les consommateurs américains et européens qui bénéficieraient de prix plus bas.
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Dans ces conditions, on comprend pourquoi l’enjeu principal d’un échec du cycle n’est pas que celui-ci priverait l’économie mondiale de gains quantitativement importants. Le risque est bien plus qu’il ouvrirait la voie à des replis protectionnistes et révélerait une non coopération internationale particulièrement dommageable dans la crise actuelle. |
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A. Bouët et D. Laborde, The Potential Cost of a Failed Doha Round, IFPRI Issue Brief, n� 56, December 2008
Y. Decreux et L. Fontagné, An Assessment of May 2008 Proposals for the DDA, Rapport d’étude du CEPII, juin 2008
C. Gouel et M.P. Ramos, L’ouverture agricole américaine et européenne : un enjeu pour le Sud ?,
La Lettre du CEPII, n°277, avril 2008
D. Laborde, Doha, un cycle en développement, in CEPII, L’économie mondiale 2008, Repères, La Découverte 2007
Y. Decreux et H. Valin, Mirage, Updated Version of the Model for Trade Policy Analysis: Focus on Agriculture
and Dynamics, Document de travail CEPII, n° 2007-15, octobre 2007
L. Fontagné, D. Laborde et C. Mitaritonna, Accord à l’OMC, un « tiens vaut mieux que deux « tu l’auras,
La Lettre du CEPII, n°263, janvier 2007 |
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