En janvier dernier, les exportations de la Corée du Sud ont reculé de 33% par rapport à janvier 2008, celles de Taiwan de 42%, celles de la Chine de 17,5%. Les économies asiatiques, déjà affectées au cours de l’année 2008 par la crise financière (retrait des capitaux), sont désormais frappées de plein fouet par la baisse de la production et des échanges mondiaux qui s’accélère depuis l’automne dernier.
Il ne reste rien de l’hypothèse d’un découplage de la croissance asiatique par rapport aux évolutions dans le reste du monde. La crise actuelle révèle que les interdépendances commerciales et financières sont plus fortes que jamais. L’intensification des échanges intra-asiatiques depuis une dizaine d’années a pu donner l’illusion d’un recentrage de l’activité économique sur la région, mais elle résultait essentiellement d’une division internationale du travail de plus en plus fine entre les pays de la région, et surtout entre la Chine et les pays développés (Japon, Corée, Taiwan). Les études du CEPII ont montré que la dynamique des échanges intra-asiatiques était portée principalement par les produits intermédiaires et composants et qu’une grande partie de la demande finale pour les biens fabriqués en Asie de l’Est se trouvait toujours aux Etats-Unis et en Europe.
L’Asie a connu depuis un demi-siècle une croissance économique exceptionnellement rapide, fondée sur un vigoureux développement industriel, un fort taux d’épargne et la promotion des exportations. Après la crise financière qui les a frappées en 1997-1998, les économies d’Asie de l’Est ont donné la priorité aux équilibres extérieurs et ont retrouvé le chemin d’une croissance largement tirée par l’exportation, laissant à la consommation des ménages à la portion congrue, et la Chine des années 2000 a porté à l’extrême ce déséquilibre. Ce qui a fait la force du modèle asiatique en fait actuellement la vulnérabilité. |