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N� 1993-01 |
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Avril |
Les implications ext�rieures de l'UEM |
Agnès Bénassy-Quéré
Alexander Italianer
Jean Pisani-Ferry |
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Chacun s'accorde pour dire que l'Union Economique
et Monétaire Européenne (UEM), si elle se fait, aura des conséquences
majeures sur l'économie mondiale, à travers différents canaux
déjà bien identifiés : l'écu concurrencera le dollar
comme monnaie internationale ; la substitution de l'écu à plusieurs
monnaies européennes modifiera la demande d'actifs libellés en dollars
et en monnaie(s) européenne(s) ; l'instauration, au sein de l'union, d'une
politique monétaire unique et d'une surveillance des politiques budgétaires,
transformera les conditions de la coordination internationale des politiques économiques
; à long terme, l'émergence d'un pôle monétaire européen
pourrait conduire à la recherche d'une nouvelle architecture monétaire
internationale. Plusieurs questions demeurent néanmoins sans réponse
: dans quelle mesure l'UEM pourrait-elle pousser à une appréciation
de l'écu ? L'UEM devrait-elle faciliter la coordination internationale
des politiques économiques, ou au contraire la rendre plus difficile ?
Cet article examine ces deux points. Le potentiel d'appréciation de l'écu
dépendra de (i) l'effet quasi-mécanique de l'unification monétaire
européenne sur la demande de réserves et d'encaisses de transactions
en écus, et (ii) de la réallocation des portefeuilles internationaux
suite à la fusion des monnaies et des marchés financiers européens.
Les changements dans la composition des réserves officielles devraient
avoir peu d'impact sur le marché des changes (au moins parce que les banques
centrales agiront avec prudence). Mais la facturation du commerce intra-européen
en une monnaie unique pourrait réduire d'environ 80 milliards de dollars
les encaisses de transactions détenues en monnaies européennes.
Cette hausse de la vitesse de circulation de la monnaie atténuerait les
pressions en faveur d'une appréciation de l'écu, sauf si elle est
neutralisée par la politique monétaire. Cependant les principaux
effets sur le marché des changes devraient provenir de la réallocation
des portefeuilles financiers. Laissant de côté l'effet de la suppression
des coûts de transactions due à l'unification des marchés
financiers européens, nous examinons les conséquences de la disparition
des risques de change au sein de l'union monétaire : l'élimination
des dernières disparités entre les monnaies européennes pourrait
conduire les investisseurs, à l'intérieur de l'union comme dans
le reste du monde, à détenir moins d'actifs libellés en écus
afin de conserver une bonne diversification de leurs portefeuilles destinée
à limiter le risque. L'utilisation d'un modèle de portefeuille simple
à trois pays permet de quantifier cet effet : la réduction des avoirs
désirés en écus devrait être limitée (moins
de 100 milliards de dollars) ; elle pourrait néanmoins être beaucoup
plus marquée si la volatilité du taux de change des monnaies européennes
par rapport au dollar devait augmenter.
Du point de vue de la coordination internationale, la création de l'UEM peut s'assimiler à la
construction d'une coalition entre les membres européens du G7. Dans le cadre d'un modèle à trois
pays, il apparaît que cette sous-coalition devrait réduire les gains que les Européens, et, dans une
moindre mesure, les Américains et les Japonais, peuvent attendre d'une coordination globale. Cette
évolution aurait l'avantage de rééquilibrer les intérêts des divers participants au sein du G7, mais elle
pourrait aussi affaiblir la motivation des Européens à participer activement à une coordination
globale.
Cette approche théorique omet toutefois des éléments importants relatifs à la complexité du futur
cadre institutionnel de la politique économique et monétaire européenne. En particulier, la politique
de change pourrait être compliquée par le partage de responsabilité entre le Conseil et la Banque
Centrale Européenne en cas de désaccord sur les objectifs. D'autre part, le Traité de Maastricht parle
peu de la coordination intra-UEM des politiques budgétaires, et l'efficacité de cette coordination n'est
pas garantie. Enfin, les subtilités de la représentation externe de la Communauté ne faciliteront pas la coordination au sein du G7, du moins à court terme. |
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