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N� 1993-05 |
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Octobre |
Crises et cycles financiers : une approche
comparative |
Michel Aglietta |
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Depuis 1990, les pays de l'OCDE
ont tour à tour subi une récession insolite par sa durée,
dans certains cas par son ampleur et surtout par les troubles financiers qui l'accompagnent.
Cette récession prolongée a mis un terme à une décennie
d'effervescence financière. Les désordres constatés ont été
surprenants pour les économistes qui avaient été formés
à l'époque des systèmes financiers robustes et efficaces
pour le financement de la croissance. Ils ont été plus surprenants
encore pour ceux qui ont cru que libéraliser signifiait démanteler
ce qui avait été construit sur les ruines des années 30 et
de la guerre, sans s'interroger sur la manière de réorganiser.
Aussi l'emprise de la finance sur l'économie pose-t-elle des questions bien plus fondamentales que de supputer la durée de la récession, scruter les signes de reprise et se persuader que l'instabilité financière va se dissiper toute seule. Ces questions ne sont posées qu'avec une grande réticence, parce qu'il est plus confortable de postuler que les années 80 ont été aberrantes, qu'elles ne livrent aucun enseignement susceptible de mettre en question la manière dont les gouvernements conduisent la politique économique et contrôlent ou ne contrôlent pas la finance 1 .
C'est pourtant bien l'interrogation majeure qu'il faut affronter. Les années 1980 ont-elles
été une aberration essentiellement anglo-saxonne, japonaise et scandinave 2 ? Ces années marquent-elles, au contraire, le retour d'une instabilité générale, que la finance transmet à l'économie et qui est inhérente à tout système libéralisé ? Cette question concerne d'abord un clivage théorique sur la place de la finance dans l'économie globale, sur la nature des prix qui s'y forment et des contrats qui s'y nouent. Au problème théorique se rattache l'interprétation des deux phénomènes majeurs des années 80 et de leur interrelation : la dérive des prix des actifs et le développement généralisé du crédit. Le jugement que l'on porte sur l'existence ou non d'une instabilité endémique et de cycles financiers dépend de l'interprétation de ces deux phénomènes. C'est ce que nous examinerons dans une première partie.
Un autre débat porte sur les ajustements récessifs qui ont été déclenchés par le retournement de l'expansion financière. En quoi le profil de la conjoncture est-il particulier ?
Cela reflète-t-il un renversement des comportements des agents non financiers vis à vis de l'endettement ? Cela témoigne-t-il de la présence d'un "credit crunch", c'est à dire d'une restriction de l'offre de crédit provenant de la mauvaise situation des banques dans la plupart des pays de l'OCDE ? Dans quelle mesure la sévérité de la récession tient-elle à l'interaction de la phase descendante d'un cycle normal et du risque de système ? Doit-on s'attendre à une trace durable des transformations en cours dans la finance qui pourrait entraver la croissance future ? Faut-il faire un aggiornamento de la doctrine de la politique monétaire, forgée dans les années 70 pour un monde à inclination inflationniste, pour s'adapter au monde des années 90 à inclination déflationniste ? Ces différentes questions vont être étudiées dans la seconde et la troisième partie. |
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