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N� 1994-09 |
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Septembre |
La r�unification allemande du point de
vue de la politique �conomique |
Agnès Bénassy-Quéré Pierre Villa |
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Pour accompagner la réunification,
les autorités allemandes ont choisi une stratégie "high tech,
high wage" consistant à subventionner à l'Est le capital plutôt
que le travail et à engager d'importantes dépenses d'infrastructures
publiques. Les diverses aides à l'investissement ont permis de déconnecter
le coût d'usage du capital à l'Est de la politique monétaire
restrictive menée par la Bundesbank. Nous nous interrogeons ici sur la
pertinence et sur l'impact de cette stratégie à différentes
échéances.
Nous montrons en première partie qu'après
la réunification, les salaires ont fortement augmenté
en termes de prix des biens industriels, mais beaucoup moins en
termes de pouvoir d'achat. Nous passons ensuite en revue les diverses
évaluations du capital disponible et de l'accumulation
nécessaire à l'Est. Puis nous détaillons les
différentes aides mises en place en vue de faciliter le
rattrapage Est-allemand.
Nous proposons en deuxième partie un modèle
d'analyse de la politique économique allemande. Ce modèle
présente plusieurs originalités par rapport à
la littérature existante. D'une part, il se place délibérément
en régime de sous-emploi, ce qui nous paraît mieux
décrire la situation allemande que le régime de
plein-emploi. Plus précisément, l'ajustement lent
du capital et la rigidité du salaire réel provoquent
des mécanismes de rationnement, la production et l'emploi
étant déterminés par le côté
court de l'offre et de la demande. D'autre part, le modèle
tient compte de la rapidité de réaction des marchés
financiers : les agents sont supposés connaître la
valeur du taux de change réel à long terme ; ils
anticipent un ajustement progressif du taux de change vers cette
valeur, ce qui modifie la trajectoire de l'économie dès
le court terme. Enfin, les politiques budgétaire et monétaire
sont prises en compte de manière endogène : d'un
côté, les autorités budgétaires gèrent
les taux de taxation de manière à stabiliser la
dette publique à long terme ; de l'autre, la Bundesbank
fixe indépendamment le taux d'intérêt par
indexation sur l'inflation et arbitrage entre dette publique et
chômage.
Le modèle montre que l'appréciation ou la dépréciation
du mark réel dépendent crucialement de la politique
économique et de la nature des chocs, un excès de
demande ex ante quelqu'en soit l'origine conduisant à une
appréciation. En général une appréciation
à long terme signifie une appréciation à
court terme, toutefois ce résultat pourrait être
remis en cause dans un modèle incluant un effet de richesse
important associé aux actifs en devise détenus par
les Allemands.
Par ailleurs, le modèle suggère que le policy
mix et les règles d'affectation des instruments de
la politique économique allemande sont inadéquats.
Pour encourager l'investissement et la croissance, mieux vaudrait
pratiquer une politique monétaire expansive et supprimer
les subventions au capital tout en effectuant, comme c'est le
cas en Allemagne, des dépenses d'infrastructures. L'Allemagne s'est engagée
dans une stratégie cohérente, mais contraire aux
enseignements de notre modèle : déclassement rapide
du capital socialiste, taux d'intérêt élevé
et subventions au capital moderne à l'Est. Compte tenu
des engagements actuels de politique économique, un retournement
des options de l'Allemagne nous paraît peu probable. |
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