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N� 1994-12 |
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Novembre |
Croissance et sp�cialisation |
Fr�d�ric Busson Pierre Villa |
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L'intensification du commerce Nord-Sud,
les délocalisations d'activités, l'accroissement de la mobilité
du capital, de même que l'abandon des stratégies de substitution
à l'importation et l'ouverture sur l'extérieur des anciens pays
à économie planifiée nous amènent à nous interroger
sur les liens entre commerce extérieur et croissance économique.
Pour cela, nous introduisons des variables de commerce international dans le modèle
de convergence de Barro et Sala-I-Martin (1991), ainsi que la diversité
des biens capitaux dans l'esprit de Ethier (1982) et Romer (1987). Cela nous amène
en particulier à construire et discuter trois indices : l'indice de spécialisation
interbranche du commerce, l'indice de dissimilarité prenant en compte l'incertitude
de la croissance des exportations en volume et l'indice de croissance de la demande
étrangère mesurant les interactions de la spécialisation
interbranche et la croissance du marché mondial.
L'ouverture d'un pays au commerce international permet d'exploiter
des avantages comparatifs et de développer des secteurs
où il y a des économies d'échelle pour acquérir,
en contrepartie, des technologies étrangères plus
productives et des biens de consommation meilleur marché.
Ainsi, selon ses dotations factorielles, sa richesse initiale
et sa politique économique, un pays choisira, à
l'instar du Japon, une forte spécialisation interbranche
ou, à l'inverse, développera, à l'image de
la plupart des pays européens, un commerce intrabranche
sans spécialisation sectorielle marquée. Au delà
de l'ouverture même, la nature de la spécialisation
du commerce apparaît donc comme un facteur susceptible d'influencer
la croissance.
D'autres facteurs méritent aussi attention. La sous-évaluation
du taux de change devrait favoriser le développement d'un
secteur exportateur efficace par effet compétitivité
ou profitabilité au détriment du secteur abrité
moins à même d'augmenter sa productivité.
La volatilité des termes de l'échange devrait, quant
à elle, rendre plus aléatoire les rendements à
l'exportation et entraver la production nationale en entachant
d'incertitude les coûts des équipements et des matières
premières importés. Enfin, la demande internationale,
lorsqu'elle est vigoureuse dans les secteurs où le pays
à réussi à se positionner comme exportateur
net, devrait stimuler sa croissance.
Les résultats auxquels nous parvenons sont les suivants
:
La sous-évaluation du taux de change stimule très
légèrement la croissance.
La volatilité des termes de l'échange n'a pas d'influence.
L'ouverture d'une économie aux échanges internationaux
est de nature à favoriser la croissance dans les deux cas
suivants :
- soit le pays réussit à se positionner sur quelques
secteurs où la demande mondiale est forte et parvient à
suivre leur évolution ; il réalise alors une bonne
spécialisation interbranche qui tire sa croissance ; s'en
suivra alors, avec son développement économique,
une augmentation naturelle de son commerce intrabranche qui évincera
progressivement sa forte spécialisation interbranche initiale
; toutefois, peu de pays ont réussi dans cette voie : citons
le cas du Japon et des Dragons ;
- soit le pays ne parvient pas à se spécialiser
dans de tels secteurs et alors il gagnera à développer
un commerce fortement intrabranche de biens capitaux, ce qui lui
apportera une grande diversité dans ces biens ainsi qu'une
forte productivité globale, deux effets très bénéfiques
sur sa croissance économique ; il évitera alors
le piège d'une spécialisation interbranche excessive
dans lequel sont tombés beaucoup de pays d'Afrique ou d'Amérique
latine. |
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