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N� 1994-13 |
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Novembre |
Ch�mage et salaire en France sur longue
p�riode |
Pierre Villa |
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On attribue la formation du chômage
moderne à l'urbanisation, au développement du salariat et à
l'apparition de la grande entreprise, les procédures d'enregistrement n'ayant
fait qu'accompagner l'évolution. Son émergence aurait eu lieu dans
les années trente. La construction d'une série mensuelle de chômage
sur un siècle à partir d'enquêtes et de recensements est l'occasion
de discuter cette assertion en même temps que la qualité, la variabilité
et le niveau de la série, en fonction des sources et des méthodes
de calcul. Cela nous amène à formuler un point de vue légèrement
différent. Le chômage moderne, et son influence sur les salaires,
est déjà constitué au début du siècle, même
s'il ne touche qu'une partie réduite de la population. Son extension dans
les années trente est surtout le fait de la crise. On n'observe pas en
France une diminution des fluctuations du chômage depuis le début
du siècle comme au Etats-Unis. De plus le chômage de l'entre-deux-guerres
est resté très inférieur au niveau actuel. Paradoxalement,
les comportements salariaux relatifs au chômage sont, au début du
siècle, plus proches des comportements contemporains que ceux de l'entre
deux guerres.
Le chômage fluctue en phase avec la production industrielle
sans délai dans les années vingt et en fonction
de la politique économique dans les années trente
; tandis que sur l'après-guerre, il évolue selon
les cycles de l'activité économique avec apparition
d'une tendance au milieu des années soixante. Sa volatilité
est plus forte dans les périodes de plein emploi (avant
la première guerre mondiale, années vingt, années
cinquante). La liaison emploi-chômage a augmenté
constamment au cours du siècle. A la flexibilité
des heures travaillées (début des années
trente) et des taux d'activité non salariés (entre
deux guerres) s'est substituée partiellement la flexibilité
de l'emploi salarié (âge de la retraite, emploi temporaire
et contrats à durée déterminée).
Ensuite, nous relions l'évolution des salaires en niveau
à celle du chômage en procédant à des
estimations économétriques d'une équation
de salaire en niveau (pas une courbe de Phillips) de façon
à discuter la formation des salaires au niveau macroéconomique.
On montre que depuis le début du siècle, les délais
d'ajustement des salaires se sont allongés, les contrats
salariaux sont dans l'après-guerre mieux indexés,
dépendent des gains de productivité, des anticipations
de prix et de variables institutionnelles tandis que le rôle
du chômage reste important, comme au début du siècle.
Au contraire, sur l'entre deux guerres, le chômage n'a qu'une
influence secondaire sur la formation des salaires. Ce résultat
va à l'encontre de la conception graduelliste selon laquelle
l'économie française aurait évolué
progressivement vers un régime plus oligopolistique. |
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