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N� 1997 - 08 |
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Avril |
Quel est l'impact du commerce extérieur
sur la productivité et l'emploi ?
Une analyse compar�e des cas de la France, de l'Allemagne et des Etats-Unis |
Olivier Cortes Sébastien Jean |
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Les march�s du travail des pays industrialis�s
sont marqu�s par un accroissement tr�s sensible des disparit�s depuis une vingtaine
d'ann�es, que ce soit en termes d'emploi ou de salaire. Deux candidats � l'explication
de cette �volution sont vite apparus comme particuli�rement s�rieux�: le progr�s
technique et le commerce international.
La litt�rature �conomique envisage le plus souvent l'impact des �changes sur le
march� du travail comme un ph�nom�ne intersectoriel. Par exemple, les �changes
Nord-Sud d�favoriseraient les secteurs de main-d'oeuvre dans les pays industrialis�s.
La condition relative de la main-d'oeuvre peu qualifi�e dans les pays du Nord
s'en trouverait d�savantag�e. L'estimation empirique de ces effets intersectoriels,
par exemple par un calcul de contenu en emploi des �changes, aboutit � des r�sultats
modestes. Les �changes semblent n'avoir presque aucun impact sur le march� du
travail.
De tels calculs se heurtent � deux obstacles de taille. La finesse des nomenclatures
est insuffisante. Un m�me intitul� regroupe des firmes utilisant des facteurs
de production en des proportions tr�s diff�rentes. Surtout l'effet principal de
la concurrence peut s'exercer � l'int�rieur de chaque secteur, for�ant les firmes
nationales � modifier leurs techniques de production.
Ces hypoth�ses impliquent de toute mani�re qu'une intensification des �changes
entra�ne dans les secteurs concern�s un accroissement de la productivit� du travail
et �ventuellement une hausse de la qualification de la main-d'oeuvre. Diff�rentes
estimations indiquent que, sous de telles hypoth�ses, l'impact des �changes sur
l'emploi pourrait �tre beaucoup plus important.
Le test du lien entre commerce et productivit� est donc tr�s important.
La difficult� majeure est de distinguer l'influence du commerce de celles des
autres d�terminants des modifications des structures productives. Pour ce faire,
nous avons exploit� la variance intersectorielle des d�terminants, en travaillant
� un niveau de d�tail sectoriel aussi fin que possible, compte tenu des exigences
de donn�es. De plus, le taux de croissance de la valeur ajout�e de chaque secteur
est utilis� pour contr�ler certaines caract�ristiques endog�nes au secteur, comme
une partie au moins du progr�s technique.
Les estimations �conom�triques, men�es en coupe sectorielle sur moyenne p�riode
pour l'Allemagne, les Etats-Unis et la France, testent l'�volution de la productivit�
apparente du travail et de la qualification de la main-d'ouvre dans les secteurs
industriels. Ces estimations conduisent � deux r�sultats principaux.
Une augmentation du taux de p�n�tration des importations dans un secteur induit
une hausse de la qualification moyenne de sa main-d'ouvre. Mais cet effet est
peu important et n'explique qu'une petite fraction (moins de 10�%) de la forte
augmentation intrasectorielle de la qualification dans l'industrie.
Une augmentation de un point du taux de p�n�tration des importations dans un secteur
induit une hausse de 0,7�% de la productivit� apparente du travail dans le secteur
si ces importations proviennent de pays riches et de 1,3�% si elles proviennent
de pays pauvres. D'apr�s nos estimations, les �changes auraient ainsi induit une
hausse de 13�% de la productivit� apparente du travail dans l'industrie fran�aise
entre 1977 et 1993, soit 8�% pour le commerce avec les pays pauvres et 5�% pour
celui avec les pays riches. M�me s'il est trop t�t pour en tirer une conclusion
pr�cise en termes d'emploi, cela montre que les �changes internationaux ont nettement
influenc� le march� du travail dans les pays �tudi�s.
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Mot-clés |
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Classification JEL |
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