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N� 1999 - 08 |
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Juin |
Haute technologie et échelles de qualité : de fortes asymétries en Europe |
Lionel Fontagné
Michael Freudenberg
Deniz Ünal-Kesenci |
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Contrairement
� ce qu'enseigne la th�orie classique du commerce international, la sp�cialisation
des pays n'est pas neutre.
La dimension dynamique de linsertion dans le commerce international est essentielle, dans la mesure o� les �carts de contenu technologique des branches, dans lesquelles les pays sont in�galement engag�s, sont susceptibles davoir des effets permanents sur la croissance. Le type d'activit� dans lequel l'�conomie se sp�cialise procure un gain dynamique, par opposition au gain statique d'ouverture. Le premier gain porte sur le taux de croissance tandis que celui du second concerne seulement l'output.
Par ailleurs, lexistence dexternalit�s technologiques limit�es dans l'espace fait que les avantages de co�t pour les activit�s technologiques ne sont plus simplement li�s aux diff�rences de dotations en facteurs : la taille et l'histoire de chaque localisation comptent. Les grands pays sont avantag�s et il existe une prime au first mover.
Enfin, � la diff�rence du cadre statique, les avantages sont cumulatifs. Compte tenu du caract�re partiellement non appropriable des r�sultats de l'effort de recherche, celle-ci est plus efficace dans le pays ayant ant�rieurement consenti plus d'efforts. Un avantage initial minime peut d�s lors conduire � un �quilibre polaris�. La seule chance pour un pays parti en retard consiste � �tre de tr�s grande taille ou � adopter des politiques publiques compensatrices.
De tels m�canismes, justifiant la perp�tuation des positions acquises dans le domaine de l'exportation de produits technologiques, voire leur approfondissement sont � lorigine de profondes asym�tries entre pays europ�ens, asym�tries que ce document de travail se propose dexaminer en utilisant des statistiques de commerce international.
Une premi�re m�thode dinvestigation, retenue par lOCDE, consiste � rep�rer des secteurs technologiques sur la base de m�thodes input-output identifiant le contenu effectif en R&D. Les produits issus de ces secteurs sont qualifi�s de technologiques. Selon cette m�thode, les produits technologiques repr�sentent environ le sixi�me du commerce des pays industrialis�s.
La seconde solution, qui a �t� utilis�e notamment par Eurostat, consiste � adopter une m�thode ascendante identifiant les produits technologiques au niveau le plus fin des nomenclatures de commerce international, au sein des seuls secteurs de haute et moyenne-haute technologie. Le poids de ces produits dans le commerce (150 � 300 produits selon les m�thodes et les nomenclatures) est alors ramen� � environ un dixi�me des �changes des pays industrialis�s. Une liste commune de produits technologiques a �t� publi�e par lOCDE et Eurostat. Cest une version modifi�e de cette liste qui est utilis�e dans cette �tude.
La grille de lecture du commerce international propos�e dans ce document combine pour la premi�re fois trois dimensions : intensit� technologique, qualit� et niveau de transformation des produits �chang�s.
Toutes branches et tous stades confondus, lUnion dispose dune sp�cialisation limit�e sur les produits technologiques. Les contributions par stade sont plus marqu�es : lEurope est d�ficitaire en amont, dans les biens interm�diaires de haute technologie, et exc�dentaire en aval, dans les biens d�quipement et de consommation. La r�partition g�ographique des exc�dents et d�ficits structurels de lUnion dans les produits de haute technologie souligne deux d�ficits de forte ampleur vis-�-vis des Etats-Unis et du Japon. Ces r�sultats montrent que si lEurope est globalement, bien que faiblement, avantag�e dans les produits technologiques vis-�-vis des pays tiers, sa position au sein de la Triade est beaucoup moins favorable.
De surcro�t, peu de pays europ�ens contribuent aux performances de lUE-15. La France est le pays membre ayant la position technologique la meilleure vis-�-vis des pays tiers. La Su�de est le deuxi�me contributeur avec un avantage moiti� moindre en termes absolus. Suivent trois pays dont lavantage cumul� est inf�rieur � celui de la Su�de seule : Allemagne, Finlande, Italie. Un pays tr�s attendu dans ce classement, le Royaume-Uni, a une contribution n�gative tr�s forte. Disposant dexcellentes positions sur le march� int�rieur europ�en des produits technologiques, la position du Royaume-Uni est fortement d�savantag� vis-�-vis des pays tiers.
Ces observations ne pr�jugent en rien de la position des produits europ�ens sur les diff�rentes �chelles de qualit�, r�v�l�es par les hi�rarchies de valeurs unitaires de produits �chang�s. LEurope se situe en fait au sommet des �chelles de qualit� : si lon consid�re lensemble des produits technologiques, lavantage global de lUnion est le r�sultat dun d�ficit dans les produit de bas de gamme, contrebalanc� par des exc�dents dans le haut de gamme et la gamme moyenne. Ainsi, les vari�t�s export�es par les Quinze se situent en moyenne plus haut dans les �chelles de qualit� que les vari�t�s quils importent. LUE a un avantage dans les produits nouveaux, situ�s au sommet ou dans le milieu des �chelles de qualit�, et un d�savantage comparatif dans les produits les plus anciens, situ�s au bas des �chelles de qualit�. Ce positionnement est globalement coh�rent avec les d�veloppements r�cents de la litt�rature en termes de course entre innovation au Nord et imitation au Sud.
Naturellement, travailler sur des positions globales de lUE vis-�-vis de ses partenaires reste une approche assez th�orique. En pratique, nonobstant la coop�ration a�ronautique et spatiale entre quelques pays membres, les avantages et d�savantages au sein des branches sont dabord nationaux. LUE-15 est caract�ris�e par une tr�s forte dispersion des sp�cialisations des pays membres, qui restera la source dasym�tries notables en raison du caract�re cumulatif de ces sp�cialisations. LEurope comporte seulement 4 pays structurellement exc�dentaires dans la haute technologie. Le pays membre le plus sp�cialis� dans la haute technologie est la Su�de. Suivent la France et le Royaume-Uni, et � un bien moindre degr� lAllemagne.
Les autres produits, non technologiques, peuvent �galement �tre class�s par gammes de qualit�-prix. Pour ces " autres produits ", les diff�rences de valeurs unitaires ne refl�tent pas n�cessairement un effort dinnovation pour " monter " dans l�chelle de qualit�. Seule compte la capacit� � vendre � des prix sup�rieurs � ceux des concurrents. Limage de marque, la fiabilit� des produits, leur contenu ou composants technologiques, enfin le pouvoir de march� sont les attributs essentiels de cette " qualit� per�ue ". Ainsi un pays peut-il �tre sp�cialis� dans le haut de gamme sans l�tre n�cessairement dans les produits technologiques : cest le cas pour lAllemagne.
Seuls trois pays membres ont un avantage dans le haut de gamme de la haute technologie : Royaume-Uni, Su�de et France. La France et la Su�de y ajoutent un avantage dans la moyenne gamme de la haute technologie, o� l'on retrouve �galement la Finlande. De fa�on notable, aucun pays europ�en n'est avantag� dans le bas de gamme de la haute technologie, en conformit� avec le sch�ma innovation-imitation. L'Irlande, en d�pit de la construction d'un avantage dans les activit�s technologiques, continue � �tre avantag�e dans des produits haut de gamme incorporant de la technologie, mais non dans les produits technologiques eux-m�mes.
Du point de vue des nouvelles th�ories de la croissance et de l'�change international, la configuration la plus d�favorable de la sp�cialisation, avec des effets permanents sur la croissance, est la combinaison du bas de gamme et de la " non-technologie ". On trouve dans cette situation la Gr�ce, l'Italie, le Portugal et l'Espagne.
Le caract�re cumulatif des avantages (d�savantages) comparatifs et leurs effets sur la croissance sont � lorigine de fortes asym�tries en Europe ; asym�tries g�n�ralement occult�es par lattention trop exclusive port�e � la dimension macro-financi�re de la convergence. |
Résumé |
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F14 ; O33 ; O52 |
Classification JEL |
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Texte
intégral (pdf) |
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