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N�2000 - 12 |
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Juillet |
Syndrome, miracle, mod�le polder et autres
p�cificit�s n�erlandaises : quels enseignements pour l'emploi en France ? |
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S�bastien Jean |
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De presque 10 % en 1983, le taux de
ch�mage aux Pays-Bas est pass� en 1999 au-dessous de 3 %. Cette baisse du
taux de ch�mage n'est pas � attribuer � des retraits de l'activit�. Le nombre
tr�s �lev� de personnes consid�r�es comme invalides (pr�s de 11 % de la population
active en 1997) est souvent cit�, � tort, comme l'une des explications du recul
du ch�mage : ce chiffre �tait proportionnellement plus �lev� encore en 1982.
Au contraire, il faut noter que, du fait essentiellement de l'entr�e massive des
femmes sur le march� du travail, le taux d'activit� a nettement augment� depuis
le d�but des ann�es quatre-vingt.
C'est donc bien la tr�s forte cr�ation d'emplois qui est l'explication principale de la baisse du ch�mage : les effectifs ont cr� de plus de 30 % par rapport au point bas de 1983, et de plus de 25% si l'on se r�f�re � 1979, ann�e de milieu de cycle (en France, ils n'ont augment� que de 3,5 % entre 1979 et 1998). Deux tendances de fond, sp�cifiques aux Pays-Bas, ont contribu� � cette performance. D'une part, la population en �ge de travailler, qui est un d�terminant essentiel de l'emploi � long terme, a augment� fortement (de 15,8 % entre 1979 et 1998, pour 13,1 % en France). D'autre part, le travail � temps partiel, mod�r�ment r�pandu au d�but des ann�es soixante-dix, s'est d�velopp� rapidement jusqu'� atteindre des niveaux in�gal�s. Ainsi, aux Pays-Bas, entre 1979 et 1997, la croissance cumul�e des effectifs a d�pass� de 9,4 points celle du nombre d'emplois calcul�s en �quivalent temps-plein, soit un �cart plus de deux fois sup�rieur � celui observ� en France.
Au-del� de ces deux tendances, le dynamisme de l'emploi n�erlandais tient au redressement du taux d'emploi en �quivalent temps-plein (ratio de l'emploi en �quivalent temps-plein � la population en �ge de travailler). Ce redressement appara�t, � double titre, comme un rattrapage. Rattrapage dans le temps, tout d'abord : la d�gradation subie au d�but des ann�es quatre-vingt est brutale, et il faut attendre 1997 pour que le taux d'emploi en �quivalent temps-plein d�passe son niveau de 1979. Rattrapage par rapport au niveau de ses partenaires, ensuite : m�me au terme de son redressement spectaculaire, le taux d'emploi n�erlandais reste en 1997 nettement plus faible que celui de la France, et inf�rieur � la moyenne europ�enne, qui s'�levait � 55,0 % en 1996.
Ce constat relativise la performance n�erlandaise, mais l'inversion de la tendance ant�rieure et la hausse du taux d'emploi en �quivalent temps-plein n'en demeurent pas moins remarquables. Il convient donc de s'interroger sur leurs causes, et en particulier sur le r�le de la r�orientation de la politique �conomique n�erlandaise, dont 1982 appara�t comme la date charni�re, avec l'arriv�e au pouvoir d'un nouveau gouvernement et la signature des accords de Wassenaar, qui a marqu� la lev�e par le patronat de son veto � la r�duction collective du temps de travail et l'acceptation par les syndicats de la d�sindexation des salaires et de la mod�ration salariale.
La r�duction du temps de travail n'appara�t pas avoir jou� un r�le d�cisif : la dur�e du travail � temps plein a diminu� � un rythme semblable � celui de la France, et inf�rieur � celui observ� aux Pays-Bas dans les ann�es soixante-dix. En revanche, le dynamisme de la croissance a apport� une contribution importante. Au d�but des ann�es quatre-vingt, la comp�titivit� et la rentabilit� des entreprises ont �t� r�tablies gr�ce � la d�valuation du florin et � la mod�ration des salaires r�els. L'ancrage nominal au mark � partir de 1983 et une d�sinflation rapide (notamment gr�ce aux accords de Wassenaar, sign�s en 1982, qui ont marqu� la fin de l'indexation des salaires) ont ensuite fourni un cadre macro-�conomique favorable et stable. En termes cumul�s de 1979 � 1997, la croissance du PIB r�el par personne en �ge de travailler aux Pays-Bas ne d�passe toutefois celle de la France que de 4 points. Il s'agit d'une diff�rence sensible, mais ce n'est pas la seule cl� du redressement du taux d'emploi.
Le ralentissement de la productivit� horaire du travail observ� depuis le milieu des ann�es quatre-vingt a aussi jou� un r�le d�cisif dans le redressement de l'emploi aux Pays-Bas. Cette sp�cificit� r�sulte de la forte mod�ration salariale depuis le d�but des ann�es quatre-vingt. Face � une augmentation durablement moins rapide du co�t r�el du travail, les entreprises ont �t� � la fois moins incit�es � substituer du capital au travail et moins contraintes d'am�liorer leur efficacit� productive. Ce ralentissement de la productivit� horaire du travail a �t� facilit� par son niveau initialement tr�s �lev�. Son effet positif est indissociable de l'augmentation soutenue de l'offre de travail (avec notamment l'entr�e massive des femmes sur le march� du travail) : la croissance ne s'est pas ralentie, elle est seulement devenue plus riche en emploi, l'acc�l�ration de l'augmentation du volume de travail faisant plus que compenser le ralentissement des gains de productivit�.
La France partage un certain nombre des caract�ristiques de l'�conomie n�erlandaise, notamment un niveau relativement �lev� de productivit� horaire du travail, de substantielles r�serves de main-d'ouvre et une politique de mod�ration du co�t du travail. Le ralentissement des gains annuels de productivit� horaire du travail en France depuis le d�but des ann�es quatre-vingt-dix (1,5 % l'an environ dans le secteur marchand non agricole) laisse donc esp�rer que l'�conomie fran�aise b�n�ficiera, avec quelques ann�es de retard, des effets positifs observ�s aux Pays-Bas.
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Résumé |
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March� du travail, Pays-Bas, France, mod�ration
salariale, productivit�. |
Mot-clés |
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J2, J3, J5. |
Classification JEL |
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