Pourquoi taxer les transactions financières ?
Il y a cinq ans, on rêvait de faire de Paris un des tous premiers centres financiers internationaux. Aujourd'hui, l'initiative d'instaurer une taxe sur les transactions financières montre que les priorités ont bien changé.
Par Gunther Capelle-Blancard
Billet du 9 janvier 2012
Il y a cinq ans, on rêvait de faire de Paris un des tous premiers centres financiers internationaux. On ne pensait alors qu'à renforcer l'attractivité de la place financière, par des mesures fiscales ou réglementaires. La finance apparaissait comme une spécialisation de premier choix dans la division internationale du travail : des emplois très bien rémunérés, une industrie innovante et non polluante : que demander de plus ! Depuis, évidement, cette image quelque peu idyllique a pris du plomb dans l'aile. On n'hésite plus à se demander quelle est la véritable contribution économique du secteur financier et nombreux désormais le considèrent hypertrophié. La taxation des activités financières est de ce point de vue une bonne chose. L'initiative montre que les priorités ont bien changé. Mais au-delà de l'effet d'annonce, que peut-on attendre d'une telle taxe ?
Rappelons tout d'abord que l'objectif n'est ni de punir les banquiers, ni les marchés financiers, ni même véritablement de réduire la spéculation. En ce sens, nous sommes assez loin de la proposition de Tobin, en 1972, sur la taxation des activités de change, ou même de celle de Keynes, en 1932, qui proposait de taxer les activités boursières. Dans leur grande majorité, les économistes étaient, avant la crise, peu enthousiastes à l'idée d'une telle taxe car ils craignaient qu’en augmentant les coûts de transaction, cette taxe ne réduise la liquidité et n’accentue la volatilité des marchés. Aujourd'hui, les marchés sont très liquides, donc ce risque est assez faible. En même temps, il ne faut pas s'attendre à ce que la taxation des activités boursières soit le remède à l'hyper-activité des marchés. Etant donné le faible taux envisagé, avec ou sans taxe, les marchés financiers continueront d'être aussi volatils et de sur-réagir. Il n'est même pas sûr que cela réduise la pratique du trading haute fréquence.
De manière générale, il faut bien distinguer l’instrument fiscal et l'instrument réglementaire. Taxer les activités financières peut être une bonne disposition fiscale (faible taux, donc peu distorsif, et assiette large), mais c'est un piètre instrument réglementaire (c'est l'éternel problème de distinguer les transactions "socialement profitables" et les autres). Ainsi, l’objectif premier de la taxe est-il de lever des fonds. Certes, il serait préférable que cela fasse dans le cadre le plus large possible afin de réduire les arbitrages géographiques. Mais l'exemple britannique (le Royaume Uni taxe les transactions sur action à hauteur de 0,5%) montre que c'est possible, même à l'échelle d'un pays.
Rappelons tout d'abord que l'objectif n'est ni de punir les banquiers, ni les marchés financiers, ni même véritablement de réduire la spéculation. En ce sens, nous sommes assez loin de la proposition de Tobin, en 1972, sur la taxation des activités de change, ou même de celle de Keynes, en 1932, qui proposait de taxer les activités boursières. Dans leur grande majorité, les économistes étaient, avant la crise, peu enthousiastes à l'idée d'une telle taxe car ils craignaient qu’en augmentant les coûts de transaction, cette taxe ne réduise la liquidité et n’accentue la volatilité des marchés. Aujourd'hui, les marchés sont très liquides, donc ce risque est assez faible. En même temps, il ne faut pas s'attendre à ce que la taxation des activités boursières soit le remède à l'hyper-activité des marchés. Etant donné le faible taux envisagé, avec ou sans taxe, les marchés financiers continueront d'être aussi volatils et de sur-réagir. Il n'est même pas sûr que cela réduise la pratique du trading haute fréquence.
De manière générale, il faut bien distinguer l’instrument fiscal et l'instrument réglementaire. Taxer les activités financières peut être une bonne disposition fiscale (faible taux, donc peu distorsif, et assiette large), mais c'est un piètre instrument réglementaire (c'est l'éternel problème de distinguer les transactions "socialement profitables" et les autres). Ainsi, l’objectif premier de la taxe est-il de lever des fonds. Certes, il serait préférable que cela fasse dans le cadre le plus large possible afin de réduire les arbitrages géographiques. Mais l'exemple britannique (le Royaume Uni taxe les transactions sur action à hauteur de 0,5%) montre que c'est possible, même à l'échelle d'un pays.
Références :
- Sur la contribution du secteur financier à l'économie, voir le débat académique sur VoxEU : Why do we need a financial sector? et le Document de travail du Cepii 2011-22 : "More Bankers, More Growth? Evidence from OECD Countries" par Gunther Capelle-Blancard et Claire Labonne, novembre 2011.
- Sur la taxation des activités financières (pas seulement les transactions financières), voir La Lettre du Cepii n°304 : "Taxer les transactions financières : un débat qui rebondit" par Gunther Capelle-Blancard et Christophe Destais, le 23 décembre 2010.
- Sur la concurrence entre les places financières, voir le Document de travail Cepii 2010-16 : "The Impact of the 2007-2010 Crisis on the Geography of Finance" par Gunther Capelle-Blancard et Yamina Tadjeddine, août 2010.
Retrouvez plus d'information sur le blog du CEPII. © CEPII, Reproduction strictement interdite. Le blog du CEPII, ISSN: 2270-2571 |
|||
|