L’économie russe se porte bien : tous les indicateurs qui décrivent la croissance des grands agrégats et les équilibres macro-économiques en témoignent. Pour partie, on le sait, les bons résultats qui s’affichent depuis plusieurs années sont associés à la place que tiennent les hydrocarbures dans le positionnement économique international de la Russie et à la hausse du prix mondial du pétrole.
Mais on sait aussi que de telles bases sont à double tranchant : elles ne garantissent pas, loin s’en faut, la croissance sur longue durée. Non seulement parce que les prix peuvent baisser, mais aussi parce que les revenus qui en résultent poussent, entre autres effets « pervers », à l’appréciation de la monnaie et au déclin de la compétitivité des industries de transformation.
Le dernier rapport de l’OCDE consacré à la Russie fait de ce risque – le « syndrome hollandais »- le problème central que la Russie a à résoudre pour que sa trajectoire perdure, et sur des bases moins fragiles. Il met au premier rang de ses analyses, dans cette perpective, la question de la politique fiscale, ainsi que celle de l’amélioration des institutions formelles (les règles du jeu), plus particulièrement celles qui guident les relations entre l’Etat et ses administrations d’une part, les agents économiques d’autre part.
De façon plus générale, au delà des politiques économiques et des réformes structurelles à mener, c’est la place et le rôle de l’Etat qui intéressent les auteurs du rapport. D’une part, en effet, ils soulignent les risques d’une immixtion excessive de ce dernier dans la vie économique des secteurs et des entreprises. D’autre part, ils évoquent l’insuffisant développement de politiques publiques décisives pour toute croissance de long terme : celle qui touche au potentiel d’innovation, celle qui concerne la santé publique. Ce qui importe au fond, ce n’est pas tant le moins ou le plus d’Etat, c’est la pertinence et la qualité de ses interventions. |