Les comparaisons internationales de niveaux de production et de revenus se heurtent à la difficulté d'une conversion adéquate pour exprimer les données nationales dans une monnaie commune dans la mesure où les taux de change sont essentiellement définis par les prix des biens échangés et qu'ils peuvent sensiblement s'écarter de leur niveau d'équilibre et subir des variations de grande ampleur sans lien direct avec l'évolution économique réelle. La littérature économique propose deux méthodes pour calculer des taux de conversion plus appropriés pour les comparaisons internationales. Mises au point dans les années cinquante par des groupes de chercheurs différents, ces méthodes s'appuient sur une même idée. On construit un panier de produits communs aux différents pays et on le valorise aux prix nationaux dans la monnaie nationale de chacun des pays. La comparaison des deux prix du même panier donne le taux de conversion entre les monnaies nationales.
La méthode développée par Kravis, Heston and Summers (1982), dans le cadre du Projet des Comparaisons Internationales, s'appuie sur un panier de biens représentatifs de la demande finale. La valeur de ce panier est calculée à partir des enquêtes de prix lancées dans chacun des pays participant au projet. Les prix ainsi recensés correspondent aux biens et services consommés sur le territoire national. Ils concernent aussi bien les produits fabriqués dans le pays que ceux importés de l'étranger. La comparaison de la valeur du panier en différentes monnaies nationales révèle les taux de change assurant la parité du pouvoir d'achat (PPA) interne de ces monnaies. De cette façon, le Projet des Comparaisons Internationales vise principalement à comparer les niveaux de revenu par habitant entre les pays ainsi que la structure de leur demande interne. Dans les pays en développement en général, le niveau des prix étant relativement bas dans les services, ce pouvoir d'achat est généralement sensiblement plus élevé que celui reflété par le taux de change nominal. L'utilisation des taux de PPA revient alors à revaloriser le revenu des pays en développement et à réduire l'écart existant avec les pays développés.
Les PPA basées sur les prix des biens de la demande finale ont été parfois utilisées dans les comparaisons internationales des niveaux de productivité. Elles peuvent cependant être très différentes des prix relatifs à la production pour plusieurs raisons : elles ne tiennent compte ni des biens intermédiaires ni des biens produits pour l'exportation. En revanche, elles concernent les biens importés qui entrent dans la demande finale. Par ailleurs, les prix utilisés incluent les coûts de transport et de distribution ainsi que les taxes et les subventions.
La seconde méthode dite industry-of-origin est plus appropriée pour comparer des niveaux de production. Bien qu'elle soit aussi ancienne que la méthode des PPA, elle est bien moins connue. Il s'agit d'une approche par l'offre ; la valeur du panier commun est calculée à partir des données de la production. Les taux de conversion sont calculés à partir des valeurs unitaires des produits disponibles dans les enquêtes nationales de branches industrielles car il n'existe pas d'enquêtes standardisées au niveau international pour les prix de production. L'absence de telles enquêtes et d'une nomenclature internationale suffisamment détaillée expliquent en grande partie la moindre diffusion de la méthode. Celle-ci a cependant connu des développements importants depuis la fin des années quatre-vingt grâce au Projet de Comparaisons Internationales de Prix et de Production de l'Université de Groningen aux Pays-Bas. A l'heure actuelle, plus d'une trentaine de comparaisons bilatérales (majoritairement par rapport aux États-Unis) ont été effectués dans le cadre de ce projet. Elles concernent un grand nombre de pays de l'OCDE, et plusieurs pays émergents d'Asie, d'Europe centrale et d'Amérique latine.
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