Regards extérieurs sur la crise de la zone euro
Retranscription écrite de l'émission du 12 juillet "Les idées claires d'Agnès Bénassy Quéré", chronique hebdomadaire sur France Culture le jeudi matin à 7h38
Par Agnès Bénassy-Quéré
Le week-end dernier se sont tenues les douzièmes Rencontres économiques d’Aix-en-Provence. Chaque début juillet se réunissent à Aix toutes sortes de décideurs, d’économistes et de journalistes pour confronter leurs points de vue sur les grands problèmes économiques du moment. Cette année, vous vous en doutez, il a été beaucoup question de la crise de la zone euro. Non pas du réglage du Mécanisme européen de stabilité, du renflouement des banques espagnoles ou du niveau des taux d’intérêt en Italie. Mais de la question plus générale de l’intégration européenne. Il était particulièrement intéressant d’entendre le point de vue des intervenants non-européens comme Andrew Moravcsik et Anne-Marie Slaughter, professeurs à l’Université de Princeton, Nouriel Roubini de l’Université de New York, ou bien Zhu Min, le Directeur général adjoint du FMI.
On pouvait s’attendre au pire, avec deux modes possibles. Le mode exaspéré : « quand allez-vous enfin vous décider, vous-autres européens, à ériger de véritables pare-feux et à reconstruire vos institutions en matériaux ignifugés ? » Ou bien le mode docte : « nous vous l’avions bien dit, votre idée de faire la monnaie unique sans intégration politique était vouée à l’échec ». Eh bien, surprise, sous le soleil aixois, rien de tout cela. Ce que nous avons entendu, ce sont surtout des paroles d’encouragement. Chers auditeurs, le monde entier nous observe avec angoisse et espère sincèrement que l’Europe va s’en sortir. Ceci, pour plusieurs raisons.
La raison immédiate, c’est que l’Europe a un fort pouvoir de nuisance : c’est la première puissance commerciale et financière mondiale. Notre crise contamine déjà les économies étrangères, dont la croissance faiblit, même si nous sommes parvenus jusqu’ici à éviter le chaos.
Mais il y a des raisons plus profondes à l’intérêt des étrangers pour une résolution rapide de la crise européenne. L’Europe est souvent considérée comme une sorte de laboratoire de la mondialisation. Le pari de Robert Schuman et de Jean Monnet – la paix par l’intégration – a été réussi. Les Européens ont créé un marché unique et des institutions pour le gérer, même si la crise montre à quel point ces institutions sont perfectibles. Si l’Europe renonce, la planète ressemblera encore plus à un champ de bataille.
Nos partenaires étrangers ne voient pas nécessairement d’un mauvais œil les improvisations successives des Européens dans cette situation de crise. Mais ils nous enjoignent de redonner un sens à la construction européenne. Il faudra plus qu’une union bancaire et une union budgétaire pour faire battre le cœur des citoyens européens. Quels projets concrets pour la jeunesse, les sans-emploi, l’environnement ? Nos dirigeants ont tellement le nez dans le guidon (je n’ignore pas, Marc, que nous sommes en plein tour de France) qu’ils en ont un peu oublié la finalité de l’union tout court. Nos partenaires, eux, veulent une Europe plus forte et plus fière, même s’ils ne comptent pas pour autant lui céder le maillot jaune.
On pouvait s’attendre au pire, avec deux modes possibles. Le mode exaspéré : « quand allez-vous enfin vous décider, vous-autres européens, à ériger de véritables pare-feux et à reconstruire vos institutions en matériaux ignifugés ? » Ou bien le mode docte : « nous vous l’avions bien dit, votre idée de faire la monnaie unique sans intégration politique était vouée à l’échec ». Eh bien, surprise, sous le soleil aixois, rien de tout cela. Ce que nous avons entendu, ce sont surtout des paroles d’encouragement. Chers auditeurs, le monde entier nous observe avec angoisse et espère sincèrement que l’Europe va s’en sortir. Ceci, pour plusieurs raisons.
La raison immédiate, c’est que l’Europe a un fort pouvoir de nuisance : c’est la première puissance commerciale et financière mondiale. Notre crise contamine déjà les économies étrangères, dont la croissance faiblit, même si nous sommes parvenus jusqu’ici à éviter le chaos.
Mais il y a des raisons plus profondes à l’intérêt des étrangers pour une résolution rapide de la crise européenne. L’Europe est souvent considérée comme une sorte de laboratoire de la mondialisation. Le pari de Robert Schuman et de Jean Monnet – la paix par l’intégration – a été réussi. Les Européens ont créé un marché unique et des institutions pour le gérer, même si la crise montre à quel point ces institutions sont perfectibles. Si l’Europe renonce, la planète ressemblera encore plus à un champ de bataille.
Nos partenaires étrangers ne voient pas nécessairement d’un mauvais œil les improvisations successives des Européens dans cette situation de crise. Mais ils nous enjoignent de redonner un sens à la construction européenne. Il faudra plus qu’une union bancaire et une union budgétaire pour faire battre le cœur des citoyens européens. Quels projets concrets pour la jeunesse, les sans-emploi, l’environnement ? Nos dirigeants ont tellement le nez dans le guidon (je n’ignore pas, Marc, que nous sommes en plein tour de France) qu’ils en ont un peu oublié la finalité de l’union tout court. Nos partenaires, eux, veulent une Europe plus forte et plus fière, même s’ils ne comptent pas pour autant lui céder le maillot jaune.