L’accord de libre-échange pas comme les autres
Etats-Unis – Union européenne : on ne peut rêver mieux comme tête d’affiche pour des bans de mariage commercial. Nous n’en sommes pas encore là, mais les négociations sont sur la rampe de lancement, après le soutien conjointement apporté par Barack Obama, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso.
Par Julien Gourdon, Sébastien Jean
Ce soutien fait suite aux conclusions du groupe de travail de haut niveau UE-États-Unis sur la croissance et l'emploi, le 13 février. Le président américain avait d’ailleurs annoncé dès la veille, dans son discours sur l’état de l’union, sa volonté d’ouvrir des négociations.
L’idée d’un accord transatlantique est loin d’être nouvelle, elle avait notamment été abondamment discutée au début des années 2000. Plusieurs raisons expliquent que la question revienne sur le tapis. La première est sans doute la course effrénée que se livrent actuellement les principales puissances économiques pour nouer des accords commerciaux préférentiels. Les accords ou projets d’accords sont innombrables en Asie, et plus largement dans le monde en développement. Les Etats-Unis sont eux-mêmes offensifs en la matière et mettent actuellement en avant leur projet de Partenariat Trans-Pacifique (TPP, suivant le sigle anglais), qui se veut particulièrement ambitieux non seulement par sa couverture géographique (neuf pays de part et d’autres de l’océan Pacifique, peut-être rejoints ultérieurement par la Japon, voire la Thaïlande), mais aussi par la nature des règles qui y sont négociées, qui vont bien au-delà des accords OMC sur des sujets comme l’investissement, la propriété intellectuelle, les mesures non tarifaires ou les monopoles publics.
L’Union européenne, précurseur des accords de commerce préférentiels, a le plus souvent privilégié l’approche multilatérale. Ces dernières années, elle est cependant entrée dans cette course, comme en témoigne la multiplicité des accords récemment conclus (Corée du Sud, Singapour, Amérique centrale, Pérou et Colombie, pour ne citer que les plus récents noués avec des partenaires qui ne sont pas des voisins), en négociation (Canada, Inde, Mercosur notamment, même si certaines de ces négociations semblent au point mort) ou en passe de l’être (Japon). Alors que tout le monde parle avec tout le monde, ou presque, la crainte de rester à l’écart peut être un moteur puissant. Surtout dans un contexte où les négociations multilatérales sont dans l’impasse, tandis que le centre de gravité de l’économie mondiale glisse inexorablement vers l’océan Pacifique.
Ces négociations, si elles étaient engagées, n’ouvriraient pas seulement la voie à un accord de plus : celui-ci « pèserait » près de la moitié du PIB mondial (23% pour l’UE et 21% pour les Etats-Unis, soit respectivement 17 600 et 16 200 milliards de dollars en 2013 d’après la base CHELEM du CEPII), et près du tiers du commerce mondial de biens et services (les Etats-Unis comptaient pour 12% des exportations mondiales et 16% des importations en 2010, l’UE pour 36% et 40% respectivement en incluant le commerce intra-UE, 13% et 14% en l’excluant, source CHELEM). Leur poids est plus élevé encore dans l’investissement direct étranger mondial, puisqu’elles étaient à l’origine en 2011 de plus de 50% des stocks, tandis qu’elles en accueillaient 43% (source Eurostat, chiffres excluant les investissements intra-UE).
Pour les deux parties, il s’agirait d’un accord avec son premier partenaire commercial. L’UE présente une balance légèrement excédentaire dans le commerce des biens avec les Etats-Unis qui représentent 11% de ses importations (184 Mds€ en 2011) et 17% des exportations (216 Mds€) [1]. Dans les services la balance est approximativement équilibrée, les Etats-Unis comptent pour 25% des exportations de l’UE (140 Mds€) et 28% de ses importations (140 Mds€). Très variable d’une année à l’autre, les flux d’IDE entre les deux économies se situent ente 70 à 200 Mds€ par an, sans déséquilibre systématique. Les Etats-Unis sont le premier destinataire des IDE Européens (en 2010 28% des stocks d’IDE de l’UE étaient aux Etats-Unis) et les Etats-Unis sont les premiers détenteurs des stocks d’IDE en UE (41% des stocks en UE sont détenus par les Etats-Unis d’après Eurostat)
En bref, c’est l’accord de tous les superlatifs. De par son poids et la puissance des parties prenantes, ce projet est susceptible de changer profondément le paysage du commerce international. Pour ces zones qui sont loin d’être les plus dynamiques, c’est d’ailleurs l’occasion de tenter de consolider leurs positions et d’affirmer une influence déclinante.
L’idée d’un accord transatlantique est loin d’être nouvelle, elle avait notamment été abondamment discutée au début des années 2000. Plusieurs raisons expliquent que la question revienne sur le tapis. La première est sans doute la course effrénée que se livrent actuellement les principales puissances économiques pour nouer des accords commerciaux préférentiels. Les accords ou projets d’accords sont innombrables en Asie, et plus largement dans le monde en développement. Les Etats-Unis sont eux-mêmes offensifs en la matière et mettent actuellement en avant leur projet de Partenariat Trans-Pacifique (TPP, suivant le sigle anglais), qui se veut particulièrement ambitieux non seulement par sa couverture géographique (neuf pays de part et d’autres de l’océan Pacifique, peut-être rejoints ultérieurement par la Japon, voire la Thaïlande), mais aussi par la nature des règles qui y sont négociées, qui vont bien au-delà des accords OMC sur des sujets comme l’investissement, la propriété intellectuelle, les mesures non tarifaires ou les monopoles publics.
L’Union européenne, précurseur des accords de commerce préférentiels, a le plus souvent privilégié l’approche multilatérale. Ces dernières années, elle est cependant entrée dans cette course, comme en témoigne la multiplicité des accords récemment conclus (Corée du Sud, Singapour, Amérique centrale, Pérou et Colombie, pour ne citer que les plus récents noués avec des partenaires qui ne sont pas des voisins), en négociation (Canada, Inde, Mercosur notamment, même si certaines de ces négociations semblent au point mort) ou en passe de l’être (Japon). Alors que tout le monde parle avec tout le monde, ou presque, la crainte de rester à l’écart peut être un moteur puissant. Surtout dans un contexte où les négociations multilatérales sont dans l’impasse, tandis que le centre de gravité de l’économie mondiale glisse inexorablement vers l’océan Pacifique.
Ces négociations, si elles étaient engagées, n’ouvriraient pas seulement la voie à un accord de plus : celui-ci « pèserait » près de la moitié du PIB mondial (23% pour l’UE et 21% pour les Etats-Unis, soit respectivement 17 600 et 16 200 milliards de dollars en 2013 d’après la base CHELEM du CEPII), et près du tiers du commerce mondial de biens et services (les Etats-Unis comptaient pour 12% des exportations mondiales et 16% des importations en 2010, l’UE pour 36% et 40% respectivement en incluant le commerce intra-UE, 13% et 14% en l’excluant, source CHELEM). Leur poids est plus élevé encore dans l’investissement direct étranger mondial, puisqu’elles étaient à l’origine en 2011 de plus de 50% des stocks, tandis qu’elles en accueillaient 43% (source Eurostat, chiffres excluant les investissements intra-UE).
Pour les deux parties, il s’agirait d’un accord avec son premier partenaire commercial. L’UE présente une balance légèrement excédentaire dans le commerce des biens avec les Etats-Unis qui représentent 11% de ses importations (184 Mds€ en 2011) et 17% des exportations (216 Mds€) [1]. Dans les services la balance est approximativement équilibrée, les Etats-Unis comptent pour 25% des exportations de l’UE (140 Mds€) et 28% de ses importations (140 Mds€). Très variable d’une année à l’autre, les flux d’IDE entre les deux économies se situent ente 70 à 200 Mds€ par an, sans déséquilibre systématique. Les Etats-Unis sont le premier destinataire des IDE Européens (en 2010 28% des stocks d’IDE de l’UE étaient aux Etats-Unis) et les Etats-Unis sont les premiers détenteurs des stocks d’IDE en UE (41% des stocks en UE sont détenus par les Etats-Unis d’après Eurostat)
En bref, c’est l’accord de tous les superlatifs. De par son poids et la puissance des parties prenantes, ce projet est susceptible de changer profondément le paysage du commerce international. Pour ces zones qui sont loin d’être les plus dynamiques, c’est d’ailleurs l’occasion de tenter de consolider leurs positions et d’affirmer une influence déclinante.
[1] Pour la France, les Etats-Unis comptent pour 6% de ses exportations (26Mds€) et 6.4% de ses importations (33Mds€).