Les étudiants étrangers : quels enjeux économiques ?
Les pays développés se lancent depuis peu dans une compétition pour attirer les étudiants étrangers. Quels sont les enjeux économiques autour de ces flux migratoires spécifiques ?
Par Lionel Ragot
Des étudiants de plus en plus mobiles
La globalisation affecte aussi l’enseignement supérieur. Elle se concrétise par l’ouverture de Campus à l’étranger mais surtout par un nombre de plus en plus important d’étudiants qui décident de faire une partie, ou l’intégralité, de leurs études dans un pays dont ils ne sont pas résidents.
Les étudiants du supérieur sont ainsi de plus en plus nombreux à suivre une formation dans un pays étranger. Leur nombre a été multiplié par deux sur la dernière décennie et a dépassé les 4 millions en 2011 (4,3 millions précisément). En 2013, plus de la moitié étaient originaires d’Asie, suivis par les Européens (environ Un quart). Ces étudiants s’orientent très majoritairement vers un pays développé, membre de l’OCDE, même si depuis quelques années ils sont de plus en plus nombreux à être attirés par l’Asie. Six pays de l’OCDE, dont la France, accueillent à eux seuls plus de la moitié de ces étudiants en mobilité.
Attirer les étudiants étrangers : de nouveaux enjeux économiques
Pour les pays développés, l’accueil d’étudiants étrangers a traditionnellement été un moyen de renforcer leur rayonnement international. Mais les étudiants étrangers peuvent aussi constituer une source de revenus conséquents pour le financement du système d’enseignement supérieur. Depuis sa réforme de 2010, le Royaume-Uni est en pointe dans cette discrimination : un étudiant originaire d’un pays non membre de l’UE a des droits d’inscription compris dans une fourchette allant de 16 000 à 26 700 euros, alors que ces droits pour un étudiant britannique ne dépassent pas 10 600 euros. La France s’engage dans cette voie avec l’annonce toute récente de l’École des Mines d’augmenter plus fortement les droits de scolarité des étudiants étrangers (qui atteignent dorénavant 3 850 euros) par rapport à ceux payés par les étudiants français et des pays de l’UE (1 850 euros).
Les étudiants étrangers constituent aussi désormais une cible privilégiée des politiques d’immigration sélective en faveur des qualifiés. Confrontés au vieillissement démographique et pour accroître le niveau de qualification de leur population active, de plus en plus de pays cherchent à attirer et retenir des étudiants étrangers. La concurrence entre pays d’accueil – principalement pays de l’OCDE – s’intensifie.
Comment attirer les étudiants étrangers ?
Quels sont les leviers les plus efficaces sur lesquels les pouvoirs publics peuvent jouer pour influer sur le choix des jeunes étrangers ? Dans un récent document de travail du CEPII, nous avons identifié les facteurs qui déterminent ce choix de localisation des étudiants en mobilité.
Comme pour la plupart des autres flux migratoires, les coûts (liés à la distance entre le pays d’origine et le pays de destination, à la langue, à l’installation…) de la migration sont importants, mais les pays d’accueil ne peuvent que difficilement les modifier. De même, si les étudiants, comme les autres migrants, sont sensibles à la présence de leurs concitoyens dans le pays d’accueil, c’est un domaine dans lequel les pouvoirs publics n’ont guère de marge de manœuvre.
En revanche, les pouvoirs publics peuvent influencer les choix des étudiants étrangers en agissant sur les facteurs plus spécifiquement liés à l’enseignement supérieur. Ils peuvent augmenter les capacités d’accueil et/ou améliorer la qualité de l’enseignement supérieur. La réduction des coûts de la vie quotidienne (logement, alimentation…) constitue néanmoins le levier le plus efficace pour attirer ces étudiants en mobilité.
Quant au niveau des droits d’inscription, il ne semble pas freiner les étudiants étrangers. De nombreuses bourses et aides sont fournies aussi bien par les pays de destination que par les pays d’accueil. Les droits d’inscription peuvent aussi exercer un effet-signal : des frais élevés reflètent une qualité d’enseignement élevée. Ceci pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi la forte augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers au Royaume-Uni ne s’est pas traduite par une diminution sensible des effectifs. Ainsi, l’augmentation des droits d’inscription n’entrave pas nécessairement l’attractivité d’un pays aux yeux des étudiants étrangers.
Référence :
La lettre du CEPII n°338, « Les étudiants étrangers : un enjeu de la politique migratoire », par Lionel Ragot, décembre 2013.
« The Determinants of International Mobility of Students », Document de travail du Cepii n°2013-30, septembre 2013, par Michel Beine, Romain Noël et Lionel Ragot.
La globalisation affecte aussi l’enseignement supérieur. Elle se concrétise par l’ouverture de Campus à l’étranger mais surtout par un nombre de plus en plus important d’étudiants qui décident de faire une partie, ou l’intégralité, de leurs études dans un pays dont ils ne sont pas résidents.
Les étudiants du supérieur sont ainsi de plus en plus nombreux à suivre une formation dans un pays étranger. Leur nombre a été multiplié par deux sur la dernière décennie et a dépassé les 4 millions en 2011 (4,3 millions précisément). En 2013, plus de la moitié étaient originaires d’Asie, suivis par les Européens (environ Un quart). Ces étudiants s’orientent très majoritairement vers un pays développé, membre de l’OCDE, même si depuis quelques années ils sont de plus en plus nombreux à être attirés par l’Asie. Six pays de l’OCDE, dont la France, accueillent à eux seuls plus de la moitié de ces étudiants en mobilité.
Attirer les étudiants étrangers : de nouveaux enjeux économiques
Pour les pays développés, l’accueil d’étudiants étrangers a traditionnellement été un moyen de renforcer leur rayonnement international. Mais les étudiants étrangers peuvent aussi constituer une source de revenus conséquents pour le financement du système d’enseignement supérieur. Depuis sa réforme de 2010, le Royaume-Uni est en pointe dans cette discrimination : un étudiant originaire d’un pays non membre de l’UE a des droits d’inscription compris dans une fourchette allant de 16 000 à 26 700 euros, alors que ces droits pour un étudiant britannique ne dépassent pas 10 600 euros. La France s’engage dans cette voie avec l’annonce toute récente de l’École des Mines d’augmenter plus fortement les droits de scolarité des étudiants étrangers (qui atteignent dorénavant 3 850 euros) par rapport à ceux payés par les étudiants français et des pays de l’UE (1 850 euros).
Les étudiants étrangers constituent aussi désormais une cible privilégiée des politiques d’immigration sélective en faveur des qualifiés. Confrontés au vieillissement démographique et pour accroître le niveau de qualification de leur population active, de plus en plus de pays cherchent à attirer et retenir des étudiants étrangers. La concurrence entre pays d’accueil – principalement pays de l’OCDE – s’intensifie.
Comment attirer les étudiants étrangers ?
Quels sont les leviers les plus efficaces sur lesquels les pouvoirs publics peuvent jouer pour influer sur le choix des jeunes étrangers ? Dans un récent document de travail du CEPII, nous avons identifié les facteurs qui déterminent ce choix de localisation des étudiants en mobilité.
Comme pour la plupart des autres flux migratoires, les coûts (liés à la distance entre le pays d’origine et le pays de destination, à la langue, à l’installation…) de la migration sont importants, mais les pays d’accueil ne peuvent que difficilement les modifier. De même, si les étudiants, comme les autres migrants, sont sensibles à la présence de leurs concitoyens dans le pays d’accueil, c’est un domaine dans lequel les pouvoirs publics n’ont guère de marge de manœuvre.
En revanche, les pouvoirs publics peuvent influencer les choix des étudiants étrangers en agissant sur les facteurs plus spécifiquement liés à l’enseignement supérieur. Ils peuvent augmenter les capacités d’accueil et/ou améliorer la qualité de l’enseignement supérieur. La réduction des coûts de la vie quotidienne (logement, alimentation…) constitue néanmoins le levier le plus efficace pour attirer ces étudiants en mobilité.
Quant au niveau des droits d’inscription, il ne semble pas freiner les étudiants étrangers. De nombreuses bourses et aides sont fournies aussi bien par les pays de destination que par les pays d’accueil. Les droits d’inscription peuvent aussi exercer un effet-signal : des frais élevés reflètent une qualité d’enseignement élevée. Ceci pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi la forte augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers au Royaume-Uni ne s’est pas traduite par une diminution sensible des effectifs. Ainsi, l’augmentation des droits d’inscription n’entrave pas nécessairement l’attractivité d’un pays aux yeux des étudiants étrangers.
Référence :
La lettre du CEPII n°338, « Les étudiants étrangers : un enjeu de la politique migratoire », par Lionel Ragot, décembre 2013.
« The Determinants of International Mobility of Students », Document de travail du Cepii n°2013-30, septembre 2013, par Michel Beine, Romain Noël et Lionel Ragot.