La Banque nationale suisse abolit son cours plancher
La Banque nationale suisse a abandonné le cours plancher du franc suisse le 14 janvier, ce qui a entraîné l’appréciation du franc vis-à-vis de l’euro. Cette annonce précède la très attendue décision de la BCE sur le Quantitative Easing. Quelles en sont les raisons et les implications ?
Par Urszula Szczerbowicz
La Banque nationale suisse (BNS) a instauré le cours plancher du franc suisse par rapport à l’euro en septembre 2011, le présentant comme une mesure exceptionnelle et temporaire pour lutter contre l’appréciation de sa monnaie. Dans le contexte de la crise de la dette en Europe, le franc suisse a servi de valeur refuge pour les investisseurs en recherche des placements sûrs [1]. Déterminée à freiner l’appréciation du franc, nuisible aux exportations suisses, la BNS a annoncé qu’elle interviendrait sur le marché des changes pour maintenir la valeur du franc au-dessus du seuil de 1,20 franc pour 1 euro.
Mercredi dernier, elle a changé soudainement de cap et aboli le cours plancher jugeant que la surévaluation du franc s’est nettement atténuée. Aucun des 24 prévisionnistes interrogés par Bloomberg News entre les 9 et 14 janvier n’avait pourtant prévu cette décision en 2015 et l’appréciation du franc qui a suivi a été brutale (environ 20 %). Cette appréciation, si elle perdure au-delà de l’effet de « choc » initial, laisse entendre que la politique du taux plancher serait restée un instrument très efficace, surtout dans le contexte des tensions récentes en Grèce et en Russie.
Un ajustement de taux de change d’une telle envergure présente de nombreux désavantages pour l’économie suisse. Les entreprises et les banques avaient intégré le cours plancher dans leurs décisions d’investissement, d’achat et de placement. L’appréciation non anticipée du franc devrait fortement réduire leur profitabilité. 46 % des exportations suisses sont destinées à la zone euro et ce sont donc des exportateurs comme Swatch, qui n’importent pas beaucoup de composants, qui seront particulièrement touchés. Les bilans de banques s’en trouvent également affectés : la valeur de leurs actifs en euro diminue, alors que leurs frais sont majoritairement en francs suisses. L’appréciation du franc est aussi malvenue d’un point de vue de stabilité des prix : les pressions déflationnistes déjà élevées en Suisse seront renforcées par le biais de la baisse des prix des produits importés.
Quels sont donc les motifs qui ont poussé la BNS à abandonner son cours plancher de façon aussi abrupte ? La première raison est liée aux coûts des interventions de change qui ont suscité de nombreuses critiques. En effet, les achats de devises entrainent une augmentation du bilan de la BNS et surtout de sa prise de risque. Cependant, l’abolition du taux plancher conduit paradoxalement à la réalisation du risque de taux de change: 45 % de ses réserves sont en euro et sa dépréciation conduira ainsi à des pertes importantes pour la BNS.
Il est donc probable que d’autres facteurs ont incité la BNS à prendre sa décision. L’annonce très anticipée du programme d’achat des obligations souveraines par la BCE peut en être un : le Quantitative easing (QE) à l’européenne risque de renforcer la dépréciation de l’euro. La BNS aurait alors dû intervenir massivement pour soutenir le cours plancher. Cependant, le QE est pressenti depuis le mois de novembre, laissant à la BNS le temps de préparer les marchés au changement. La BNS aurait-t-elle obtenu des informations nouvelles concernant les quantités ou modalités du QE de la BCE qui dépassent ses anticipations ?
Dans tous les cas, l’abandon du cours plancher par la BNS augmente l’incertitude concernant le taux de change non seulement pour l’économie suisse mais aussi pour d’autres pays. La stabilité du cours entre l’euro et les couronnes tchèque et danoises notamment est remise en question. La décision soudaine de la BNS rappelle que nous ne sommes pas à l’abri des turbulences financières en 2015.
Mercredi dernier, elle a changé soudainement de cap et aboli le cours plancher jugeant que la surévaluation du franc s’est nettement atténuée. Aucun des 24 prévisionnistes interrogés par Bloomberg News entre les 9 et 14 janvier n’avait pourtant prévu cette décision en 2015 et l’appréciation du franc qui a suivi a été brutale (environ 20 %). Cette appréciation, si elle perdure au-delà de l’effet de « choc » initial, laisse entendre que la politique du taux plancher serait restée un instrument très efficace, surtout dans le contexte des tensions récentes en Grèce et en Russie.
Un ajustement de taux de change d’une telle envergure présente de nombreux désavantages pour l’économie suisse. Les entreprises et les banques avaient intégré le cours plancher dans leurs décisions d’investissement, d’achat et de placement. L’appréciation non anticipée du franc devrait fortement réduire leur profitabilité. 46 % des exportations suisses sont destinées à la zone euro et ce sont donc des exportateurs comme Swatch, qui n’importent pas beaucoup de composants, qui seront particulièrement touchés. Les bilans de banques s’en trouvent également affectés : la valeur de leurs actifs en euro diminue, alors que leurs frais sont majoritairement en francs suisses. L’appréciation du franc est aussi malvenue d’un point de vue de stabilité des prix : les pressions déflationnistes déjà élevées en Suisse seront renforcées par le biais de la baisse des prix des produits importés.
Quels sont donc les motifs qui ont poussé la BNS à abandonner son cours plancher de façon aussi abrupte ? La première raison est liée aux coûts des interventions de change qui ont suscité de nombreuses critiques. En effet, les achats de devises entrainent une augmentation du bilan de la BNS et surtout de sa prise de risque. Cependant, l’abolition du taux plancher conduit paradoxalement à la réalisation du risque de taux de change: 45 % de ses réserves sont en euro et sa dépréciation conduira ainsi à des pertes importantes pour la BNS.
Il est donc probable que d’autres facteurs ont incité la BNS à prendre sa décision. L’annonce très anticipée du programme d’achat des obligations souveraines par la BCE peut en être un : le Quantitative easing (QE) à l’européenne risque de renforcer la dépréciation de l’euro. La BNS aurait alors dû intervenir massivement pour soutenir le cours plancher. Cependant, le QE est pressenti depuis le mois de novembre, laissant à la BNS le temps de préparer les marchés au changement. La BNS aurait-t-elle obtenu des informations nouvelles concernant les quantités ou modalités du QE de la BCE qui dépassent ses anticipations ?
Dans tous les cas, l’abandon du cours plancher par la BNS augmente l’incertitude concernant le taux de change non seulement pour l’économie suisse mais aussi pour d’autres pays. La stabilité du cours entre l’euro et les couronnes tchèque et danoises notamment est remise en question. La décision soudaine de la BNS rappelle que nous ne sommes pas à l’abri des turbulences financières en 2015.