Chine : priorité à l'économie
Alors que la Chine a annoncé sa volonté de sortir de trois ans de politique zéro Covid, les défis industriels, technologiques et commerciaux concurrencent les tensions économiques à l’intérieur de ses frontières. A quoi donner la priorité ?
Avec :
- François Chimits, Economiste au sein du think tank allemand Mercator Institute on China Studies et au centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII)
- Elvire Fabry Chercheuse en charge de la politique commerciale à l'institut Jacques Delors, spécialiste de l'action extérieure de l'UE et des négociations TTIP
- Mary-Françoise Renard Economiste, professeure à l’université Clermont-Auvergne, responsable de l’Institut de recherches sur l’économie de la Chine (IDREC)
Priorité à l’économie : c’est en substance le nouveau mot d’ordre qui transparaît dans le compte rendu du 20e congrès national du bureau politique du Parti communiste, publié le mercredi 7 décembre. Une décision qui semble s’imposer alors que les perspectives de croissance pour la Chine sont au plus bas : dans un entretien à l’AFP le mardi 13 décembre, la directrice générale du FMI, Kristalina Georvieva estimait « très probable » la baisse des perspectives de croissance de la Chine pour 2022 et 2023. Alors est-il trop tard pour sauver la croissance chinoise ? Quelles stratégies le gouvernement chinois compte-t-il mettre en place et surtout quelles seront ses priorités ?
La Chine a mis fin à sa politique zéro-covid, la commission nationale de la santé chinoise a annoncé plusieurs mesures visant à assouplir les règles sanitaires, la vague de protestation qui traverse le pays a eu raison de cette stratégie.
François Chimits explique "le chômage des jeunes qui a explosé procède en partie d'une tempête réglementaire lancée par les autorités chinoises dans le secteur du numérique et du digital. Avec, comme dans le cas du secteur de l'immobilier, quelques motivations politiques en vue d'un Congrès qui s'annonçait, mais aussi une profonde volonté de réformes de la Chine. Dans l'immobilier il y avait un problème de suraccumulation et de surproduction, dans le digital il y avait un problème de concurrence et notamment d'entrave à la concurrence. Le duopole constitué d'Alibaba et de Tencent qui entrave toute forme de concurrence, pour réguler ce secteur et encourager l'innovation et la croissance, les autorités chinoises sont intervenues très fortement dans ce secteur. En raison des particularités du marché de l'emploi en Chine, ce secteur a arrêté les nouvelles embauches. C'est compliqué de licencier en Chine, les ajustements se font souvent par l'arrêt des embauches, et cela a conduit à un chômage chez les moins de 30 ans qui avoisine avec les 20 %. Ce qui est extrêmement anormal en Chine et extrêmement peu soutenable, car ce sont des jeunes qui ont fait des études. Et donc le contrat social implicite qui liait le parti communiste et sa population, c'est-à-dire "soyez sérieux, travaillez, faites bien éduquer vos enfants, obtenez des diplômes, et derrière on vous garantit une ascension sociale et financière" n'est plus appliqué".
Ce podcast et article sont republiés à partir de Radio France. Les consulter en intégralité.