L’exportation, un facteur explicatif de la performance domestique des PME
Exportations et ventes domestiques des entreprises françaises sont complémentaires : une hausse (baisse) de 10 % des exportations engendre, la même année, une augmentation (réduction) des ventes domestiques de 1 % à 3 %. Cela tient aux contraintes de liquidité auxquelles font face les entreprises.
Par Jérôme Héricourt, Antoine Berthou, Nicolas Berman
Billet du 25 juin 2015
Une entreprise qui vend à l’étranger s’expose aux chocs conjoncturels propres à chaque marché servi. Comment ces chocs vont-ils se répercuter sur la performance de l’entreprise sur son marché domestique ? Une hausse des exportations va-t-elle renforcer sa capacité à vendre sur son marché national ? Ou, au contraire, les efforts déployés afin de gagner des parts de marché à l’exportation se font-ils au détriment du marché intérieur ? Une récente étude, détaillée dans la Lettre du CEPII no354, met en exergue leurs interactions ainsi que les mécanismes sous-jacents.
La complémentarité entre exportations et ventes en France
Dans une étude portant sur les entreprises françaises de l’industrie manufacturière sur la période 1995-2001, nous avons examiné le lien entre succès à l’exportation et réussite sur le marché domestique [1]. Les résultats suggèrent que, toutes choses égales par ailleurs, la variation des exportations et celle des ventes domestiques des entreprises françaises vont dans le même sens : une variation de 10 % des exportations engendre une variation complémentaire des ventes domestiques comprise entre 1 % et 3 %, la même année. Cette relation de complémentarité est observée à la fois lors des épisodes d’expansion et de déclin de la demande étrangère et des exportations. Elle est particulièrement prononcée pour les entreprises de petite taille.
La diminution brutale des exportations des entreprises françaises vers les marchés asiatiques lors de la crise financière qui a frappé l’Asie en 1997-1998 permet d’illustrer cette complémentarité. Les ventes domestiques des entreprises françaises exportant vers les pays asiatiques avant la crise sont, sur la période 1997-2001, 3,5 % plus faibles que celles des entreprises françaises qui n’y exportaient pas. Ces résultats signalent une relation de complémentarité entre exportations et ventes domestiques des entreprises dans un contexte de crise sur des marchés extérieurs.
Les contraintes de liquidité, clé du mécanisme de transmission
Comment expliquer ce lien entre exportations et ventes sur le marché intérieur ? Les besoins de liquidité à court terme des entreprises semblent jouer un rôle important. En amont du processus de production, l’entreprise doit régler certains frais fixes et frais variables (achat de matériels ou de produits intermédiaires, rémunération de la main-d’œuvre…). Si le financement bancaire s’avère difficile, l’entreprise peut avoir besoin des revenus générés par ses ventes à l’étrangers pour financer son activité sur le marché domestique. Effectivement, nous observons que la relation entre exportations et ventes sur le marché intérieur est plus marquée lorsque les entreprises ont des besoins de financement à court terme plus élevés. Autre élément qui tend à confirmer le rôle du canal de liquidité : la transmission des chocs de demande étrangère aux ventes domestiques apparaît plus importante pour les petites entreprises (moins de 100 salariés), qui sont souvent les plus contraintes financièrement.
L’exposition internationale, un facteur de fragilité pour les PME
Pour les petites et moyennes entreprises (PME), dont l’accès au financement externe est plus difficile, l’exportation est une activité qui n’est pas sans risque : un choc extérieur (comme la crise asiatique) peut aggraver leurs difficultés de trésorerie et compromettre leurs opérations domestiques. Il conviendrait donc sans doute de réfléchir à un moyen adéquat de soutenir les PME exportatrices, lorsque celles-ci sont mises en danger par leur exposition internationale.
Plus largement, nos résultats soulignent qu’il existe un canal de transmission microéconomique des chocs conjoncturels étrangers vers l’économie domestique. Un choc de demande étrangère entraîne une variation dans le même sens des exportations et des ventes sur le marché français, par le biais d’un canal d’offre dont la clé se trouve du côté des contraintes financières. Ainsi, la baisse de la demande étrangère adressée aux entreprises françaises au moment de l’effondrement du commerce en 2009, puis dès le début de la crise de la zone euro en 2010, a pu exercer une pression à la baisse sur les ventes en France des entreprises les plus exposées, au-delà des effets liés à la corrélation des cycles de demande entre pays. Les difficultés de trésorerie accrues des entreprises pendant la crise, notamment sous l’effet du recul de leur taux de marge [2], y auront sans doute joué un rôle majeur.
La complémentarité entre exportations et ventes en France
Dans une étude portant sur les entreprises françaises de l’industrie manufacturière sur la période 1995-2001, nous avons examiné le lien entre succès à l’exportation et réussite sur le marché domestique [1]. Les résultats suggèrent que, toutes choses égales par ailleurs, la variation des exportations et celle des ventes domestiques des entreprises françaises vont dans le même sens : une variation de 10 % des exportations engendre une variation complémentaire des ventes domestiques comprise entre 1 % et 3 %, la même année. Cette relation de complémentarité est observée à la fois lors des épisodes d’expansion et de déclin de la demande étrangère et des exportations. Elle est particulièrement prononcée pour les entreprises de petite taille.
La diminution brutale des exportations des entreprises françaises vers les marchés asiatiques lors de la crise financière qui a frappé l’Asie en 1997-1998 permet d’illustrer cette complémentarité. Les ventes domestiques des entreprises françaises exportant vers les pays asiatiques avant la crise sont, sur la période 1997-2001, 3,5 % plus faibles que celles des entreprises françaises qui n’y exportaient pas. Ces résultats signalent une relation de complémentarité entre exportations et ventes domestiques des entreprises dans un contexte de crise sur des marchés extérieurs.
Les contraintes de liquidité, clé du mécanisme de transmission
Comment expliquer ce lien entre exportations et ventes sur le marché intérieur ? Les besoins de liquidité à court terme des entreprises semblent jouer un rôle important. En amont du processus de production, l’entreprise doit régler certains frais fixes et frais variables (achat de matériels ou de produits intermédiaires, rémunération de la main-d’œuvre…). Si le financement bancaire s’avère difficile, l’entreprise peut avoir besoin des revenus générés par ses ventes à l’étrangers pour financer son activité sur le marché domestique. Effectivement, nous observons que la relation entre exportations et ventes sur le marché intérieur est plus marquée lorsque les entreprises ont des besoins de financement à court terme plus élevés. Autre élément qui tend à confirmer le rôle du canal de liquidité : la transmission des chocs de demande étrangère aux ventes domestiques apparaît plus importante pour les petites entreprises (moins de 100 salariés), qui sont souvent les plus contraintes financièrement.
L’exposition internationale, un facteur de fragilité pour les PME
Pour les petites et moyennes entreprises (PME), dont l’accès au financement externe est plus difficile, l’exportation est une activité qui n’est pas sans risque : un choc extérieur (comme la crise asiatique) peut aggraver leurs difficultés de trésorerie et compromettre leurs opérations domestiques. Il conviendrait donc sans doute de réfléchir à un moyen adéquat de soutenir les PME exportatrices, lorsque celles-ci sont mises en danger par leur exposition internationale.
Plus largement, nos résultats soulignent qu’il existe un canal de transmission microéconomique des chocs conjoncturels étrangers vers l’économie domestique. Un choc de demande étrangère entraîne une variation dans le même sens des exportations et des ventes sur le marché français, par le biais d’un canal d’offre dont la clé se trouve du côté des contraintes financières. Ainsi, la baisse de la demande étrangère adressée aux entreprises françaises au moment de l’effondrement du commerce en 2009, puis dès le début de la crise de la zone euro en 2010, a pu exercer une pression à la baisse sur les ventes en France des entreprises les plus exposées, au-delà des effets liés à la corrélation des cycles de demande entre pays. Les difficultés de trésorerie accrues des entreprises pendant la crise, notamment sous l’effet du recul de leur taux de marge [2], y auront sans doute joué un rôle majeur.
[1] Berman, N., Berthou, A. et J. Héricourt, (2015), “Export dynamics and sales at home”. Journal of International Economics 96, 298-310.
[2] Voir les données de l’INSEE : http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&id=180.
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