Royaume-Uni : « Il y aura un impact du Brexit sur l’économie britannique »
Billet du 20 décembre 2019
RFI : Le pari du premier ministre sortant a été d’avoir une large majorité pour faire passer son accord avec l’UE sur le Brexit. Un accord qu’il a négocié, lui-même, en octobre dernier. Ce pari semble avoir été réussi…
Vincent Vicard : On a en effet un vote assez clair avec une majorité absolue pour les Tories (parti conservateur). Ce vote permet à Boris Johnson de faire passer ce qu’on appelle un accord de sortie. Cet accord permettra au Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne à partir de 31 janvier 2020. Mais ce n’est qu’une première étape du Brexit. Elle ouvrira une période pendant laquelle rien ne changera, mais où commencera la négociation du nouveau traité de libre-échange avec l'UE. Un traité qui devra définir la relation du pays avec son principal partenaire commercial. Et c’est une toute autre histoire. Le temps des négociations risque d'être beaucoup plus long que ce qu’a prévu Boris Johnson. Il a parlé de la fin 2020. Cela paraît plus qu’ambitieux. L’accord entre l’UE et la Corée du Sud a pris quatre ans à être finalisé. Le CETA signé par l’UE avec le Canada a pris environ huit ans. Des temps très longs qui peuvent être réduits, mais il y a un temps incompressible et cela paraît très difficile d’envisager une finalisation pour la fin 2020.
Y’a-t-il eu d’autres enjeux pour les Britanniques dans ces élections ?
Prévoyez-vous d’autres effets du Brexit sur l’économie britannique ?
Il faut prévoir son impact sur la spécialisation de l’économie britannique. Je pense notamment à l’industrie automobile qui dépend beaucoup des chaînes de valeurs et de l’importation des composants de l’espace européen. Il y aura aussi un impact sur le secteur des services, notamment les services financiers. La fin du passeport européen signifiera qu’un certain nombre de services financiers ne pourront plus être fournis à partir des établissements implantés sur le sol britannique pour leurs clients qui sont dans les pays européens. Ces établissements vont devoir ouvrir leurs filiales européennes. En revanche, le Brexit devrait contenter les agriculteurs britanniques. Une fois les barrières douanières réinstaurées, les produits agro-alimentaires européens importés par le Royaume-Uni deviendront plus chers. Du coup, les produits britanniques devraient être beaucoup plus compétitifs.
Interview réalisée par Agnieszka Kumor pour RFI.
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