Le marché interbancaire après un an de présidence de Mario Draghi
Restaurer le bon fonctionnement des marchés interbancaires était un des objectifs clés lors de la prise de fonction de Mario Draghi à la BCE. Un an et deux LTRO plus tard, cette mission semble accomplie.
Par Urszula Szczerbowicz
Billet du 19 novembre 2012
Mario Draghi a pris ses fonctions de Président de la BCE le 1 novembre 2011, au moment où la crise de la dette souveraine en Europe était à la croisée des chemins. La proposition du premier ministre grec de soumettre à referendum l’accord de sauvetage conclu avec l’UE remettait en cause l’avenir de la Grèce dans la zone euro, voire même celui des autres pays périphériques par effet de contagion. Les banques de la zone euro, exposées à la dette souveraine et sous-capitalisées, refusaient de se prêter entre elles au point que l’écart entre le taux interbancaire sans collatéral et le taux sans risque – spread Euribor-OIS – atteignait un niveau comparable à celui de la crise des subprimes : environ 80 points de base (contre 5 points de base avant 2007). Cet écart témoignait de l’importante prime de liquidité et des primes de risque sur le marché interbancaire.
Mario Draghi soulignait déjà l’importance du marché interbancaire du temps où il était Gouverneur de la Banque d’Italie : "Restaurer le bon fonctionnement des marchés interbancaires au niveau mondial et au sein de la zone euro est une condition préalable pour garantir la stabilité des flux de crédit aux ménages et aux entreprises", disait-il en octobre 2008 [1]. Il n’est donc pas étonnant que depuis son arrivée à la tête de la BCE il ait mis en place différentes mesures pour lutter contre les dysfonctionnements du marché interbancaire. La première mesure exceptionnelle a consisté à octroyer aux banques des prêts à trois ans (LTRO de 3 ans) pour des montants illimités et à taux fixe, ce qu’aucune autre banque centrale n’avait osé faire. Deux opérations de prêt à trois ans ont rapidement été menées : la première le 21 décembre 2011 et la deuxième le 29 février 2012, pour un montant total avoisinant mille milliards d’euros. Rassurées, les banques de la zone euro ont recommencé à se prêter et pour des périodes plus longues. Nous observons sur le graphique 1 qu’une réduction importante et durable du spread Euribor-OIS a suivi l’annonce de LTRO de 3 ans.
Bien que les deux LTRO de 3 ans aient été vitales pour couvrir les engagements des banques arrivant à échéance en 2011 et 2012, une partie importante des fonds a été empruntée par les banques par précaution pour être ensuite déposée sur leur compte à la BCE. En conséquence, le 5 juillet 2012, la BCE a pris une autre mesure exceptionnelle : fixer à 0% le taux de rémunération des dépôts au jour le jour. La BCE encourageait ainsi les banques européennes à convertir leurs liquidités reçues lors des deux opérations de refinancement à long terme en crédits aux entreprises et aux ménages plutôt que de les conserver sous forme de dépôts auprès de la banque centrale. Les volumes de ces dépôts à la BCE ont alors diminué significativement (voir graphique 2) et la chute du spread interbancaire semble confirmer l’efficacité de cette mesure pour la relance du marché interbancaire en euro. Aujourd’hui, le spread interbancaire est plus faible dans la zone euro (Euribor-OIS) que sur le marché en dollars (Libor-OIS) pour la première fois depuis le début de la crise de dette souveraine. Il est même descendu à son niveau habituel avant la crise de subprimes (environ 5 point de base).
La diminution du spread interbancaire témoigne de la plus grande confiance des banques européennes à se prêter entre elles. La question essentielle, mais non-résolue, est encore de savoir si ce retour à la normale du marché interbancaire se traduira en augmentation des prêts à l’économie.
Mario Draghi soulignait déjà l’importance du marché interbancaire du temps où il était Gouverneur de la Banque d’Italie : "Restaurer le bon fonctionnement des marchés interbancaires au niveau mondial et au sein de la zone euro est une condition préalable pour garantir la stabilité des flux de crédit aux ménages et aux entreprises", disait-il en octobre 2008 [1]. Il n’est donc pas étonnant que depuis son arrivée à la tête de la BCE il ait mis en place différentes mesures pour lutter contre les dysfonctionnements du marché interbancaire. La première mesure exceptionnelle a consisté à octroyer aux banques des prêts à trois ans (LTRO de 3 ans) pour des montants illimités et à taux fixe, ce qu’aucune autre banque centrale n’avait osé faire. Deux opérations de prêt à trois ans ont rapidement été menées : la première le 21 décembre 2011 et la deuxième le 29 février 2012, pour un montant total avoisinant mille milliards d’euros. Rassurées, les banques de la zone euro ont recommencé à se prêter et pour des périodes plus longues. Nous observons sur le graphique 1 qu’une réduction importante et durable du spread Euribor-OIS a suivi l’annonce de LTRO de 3 ans.
Bien que les deux LTRO de 3 ans aient été vitales pour couvrir les engagements des banques arrivant à échéance en 2011 et 2012, une partie importante des fonds a été empruntée par les banques par précaution pour être ensuite déposée sur leur compte à la BCE. En conséquence, le 5 juillet 2012, la BCE a pris une autre mesure exceptionnelle : fixer à 0% le taux de rémunération des dépôts au jour le jour. La BCE encourageait ainsi les banques européennes à convertir leurs liquidités reçues lors des deux opérations de refinancement à long terme en crédits aux entreprises et aux ménages plutôt que de les conserver sous forme de dépôts auprès de la banque centrale. Les volumes de ces dépôts à la BCE ont alors diminué significativement (voir graphique 2) et la chute du spread interbancaire semble confirmer l’efficacité de cette mesure pour la relance du marché interbancaire en euro. Aujourd’hui, le spread interbancaire est plus faible dans la zone euro (Euribor-OIS) que sur le marché en dollars (Libor-OIS) pour la première fois depuis le début de la crise de dette souveraine. Il est même descendu à son niveau habituel avant la crise de subprimes (environ 5 point de base).
La diminution du spread interbancaire témoigne de la plus grande confiance des banques européennes à se prêter entre elles. La question essentielle, mais non-résolue, est encore de savoir si ce retour à la normale du marché interbancaire se traduira en augmentation des prêts à l’économie.
Graphique 1 - Evolution des spreads interbancaires (emprunts en euro vs. emprunts en dollar), en %
Graphique 2 : Dépôts au jour le jour à la BCE
Graphique 2 : Dépôts au jour le jour à la BCE
[1] Draghi, Mario (2008), ‘Financial stability and growth - the role of the euro’. Discours à la conférence "Europe and the Euro", NBER-Bocconi University, Milan, 17 octobre 2008.
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