Le nouveau modèle économique japonais « Abenomics » : la force des trois flèches unies
Lors de sa récente visite au Japon, François Hollande n’a pas caché son intérêt pour le programme de relance économique du Premier ministre du Japon, Shinzo Abe, au pouvoir depuis décembre dernier.
Par Urszula Szczerbowicz
Billet du 18 juin 2013
Ce programme, surnommé « Abenomics » (Abe + economics), repose sur trois piliers :
1) une politique budgétaire expansive qui consiste en une série de relances, dont celle votée en janvier 2013 pour un montant d’environ 80 milliards d’euros (10 300 milliards de yen).
2) une politique monétaire non conventionnelle destinée à sortir le Japon de la déflation qu’il connaît depuis plus de quinze ans. Cette politique comprend notamment des achats très soutenus d’obligations souveraines de long terme et le doublement de la base monétaire d’ici 2014. Cette nouvelle stratégie monétaire, similaire à celle menée par la Fed depuis 2008, est un vrai tournant par rapport à la politique monétaire menée par le Japon au début des années 2000, ainsi que pendant la crise récente avant la nomination du nouveau gouverneur Haruhiko Kuroda (cf le billet du 25 mars 2013)
3) des réformes structurelles destinées à élever la croissance japonaise à long terme. Il s’agit, entre autres, de participer à plusieurs accords de libre-échange, nécessitant la dérégulation de certains secteurs, ainsi que d’augmenter la participation des femmes au marché de travail pour faire face au vieillissement de la population.
2) une politique monétaire non conventionnelle destinée à sortir le Japon de la déflation qu’il connaît depuis plus de quinze ans. Cette politique comprend notamment des achats très soutenus d’obligations souveraines de long terme et le doublement de la base monétaire d’ici 2014. Cette nouvelle stratégie monétaire, similaire à celle menée par la Fed depuis 2008, est un vrai tournant par rapport à la politique monétaire menée par le Japon au début des années 2000, ainsi que pendant la crise récente avant la nomination du nouveau gouverneur Haruhiko Kuroda (cf le billet du 25 mars 2013)
3) des réformes structurelles destinées à élever la croissance japonaise à long terme. Il s’agit, entre autres, de participer à plusieurs accords de libre-échange, nécessitant la dérégulation de certains secteurs, ainsi que d’augmenter la participation des femmes au marché de travail pour faire face au vieillissement de la population.
Ces trois piliers, que l’on appelle les « trois flèches » au Japon, font référence à la parabole japonaise dans laquelle Mori Motonari, un grand seigneur, attribue à chacun de ses trois fils une flèche, et leur montre que, s’il est possible de plier chacune d’elles, il est impossible de plier les trois réunies. Cette image souligne que la force de la stratégie économique de Shinzo Abe repose sur la mise en œuvre conjointe et coordonnée des trois politiques. L’Abenomics est donc un projet global qui concilie le soutien de l’activité à court terme (les politiques budgétaire et monétaire expansionnistes) avec un projet de reformes à long terme ; un ensemble susceptible de sortir le Japon d’un long marasme économique.
Les marchés financiers ont réagi avec enthousiasme au programme de Shinzo Abe : de mi-novembre à mi-mai, la bourse de Tokyo a gagné 50 % et le yen a baissé de 20%. Cette tendance s’est pourtant inversée le 23 mai face à l’incertitude croissante concernant la faisabilité et l’efficacité d’Abenomics. En effet, bien que les deux premières flèches, budgétaire et monétaire, aient été bien affûtées et bien lancées, le gouvernement peine à définir la troisième, les réformes structurelles. C’est pourtant une étape cruciale sans lesquelles les deux premières flèches ne feraient qu’augmenter la dette souveraine du Japon ainsi que le risque de crédit au bilan de sa banque centrale.
L’Abenomics pourrait-il inspirer la zone euro ? L’approche japonaise est séduisante car elle envisage l’économie dans son ensemble et repose sur une coordination des différentes politiques économiques qui a fait défaut à la zone euro et que celle-ci cherche désormais à renforcer. Mais l’exemple japonais démontre également combien il est difficile, même pour un pays disposant d’une souveraineté budgétaire et monétaire, de mettre en œuvre des réformes ambitieuses, tant sont puissants les intérêts des différents groupes sociaux qui s’y opposent.
Pour plus d’information sur l’Abenomics, voir l’interview vidéo et le billet du 20 décembre sur le blog du CEPII.
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