L’économie japonaise un an après Fukushima
En juin 2011 les autorités japonaise estimaient à environ 17 trillions de yen (3,3 % du PIB 2011) les dégâts causés par la triple catastrophe du 11 mars de cette même année. Malgré cela, la croissance économique réelle du pays s’est beaucoup moins repliée que pendant la crise mondiale de 2009. Le retour à des rythmes de production équivalents ou supérieurs à ceux d’avant le 11 mars a été plus rapide que prévus. Un an après, l’économie japonaise devrait retrouver le chemin de la croissance.
Par Evelyne Dourille-Feer
Billet du 8 mars 2012
La violence de la triple catastrophe du 11 mars 2011 dans la région du Tohoku, tremblement de terre de force 9, tsunami aux vagues supérieures à 7 mètres et accident nucléaire, a provoqué la mort ou la disparition de 19 000 personnes, l’évacuation d’environ 440 000 habitants des zones sinistrées et la destruction d’un stock de capital (usines, bâtiments, infrastructures, terres agricoles , pêcheries…) estimée en juin 2011 par les autorités japonaise à environ 17 trillions de yen (158 milliards d’euros) soit l’équivalant de 3,3 % du PIB 2011. Cette destruction ne représente toutefois qu’une part minime du stock de capital total de l’archipel (1,5%). Pourtant, les retombées économiques ont été importantes et singulièrement aggravées par l’accident nucléaire.
L’impact économique immédiat de la triple catastrophe a été la paralysie de nombreuses chaînes de production à travers tout l’archipel, faute d'un approvisionnement suffisant en matériaux (acier, ferronickel, zinc, éthylène, résines, galettes de silicium...), en composants électroniques et pièces détachées car de très nombreuses usines produisant des biens intermédiaires s'étaient localisées le long de la côte pacifique du Tohoku au Nord Kantô afin de profiter des facilités de transport de la côte pacifique. Les secteurs de l’électronique et de l’automobile ont été particulièrement touchés, Toyota voyant même sa production domestique baisser de près de 63% en mars.
Le retour à des rythmes de production équivalents ou supérieurs à ceux d’avant le 11 mars a été plus rapide que prévus : 80% des unités de production des zones dévastées et 83% des usines dans le reste de l’archipel y étaient déjà parvenues avant le mois de juillet[1]. Dès juin, l’industrie des semi-conducteurs dans son ensemble avait retrouvé un rythme normal. Celle de la construction automobile, aux réseaux d’approvisionnement plus complexes, début octobre. Mais, les tensions sur l’approvisionnement électrique sont venues perturber les rythmes de production[2].
En effet, l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a non seulement fait chuter d’un tiers la capacité de production électrique de TEPCO[3]. Plus grave encore, les réacteurs en inspection en 2011 et début 2012 n’ont pu redémarrer à cause de l’opposition des populations concernées. Actuellement, seul 2 réacteurs sur 54 sont en service.
L’arrêt progressif de la production de l’électricité nucléaire a créé des tensions sur l’offre énergétique faisant craindre des « blackouts » durant l’été. Le gouvernement a fixé un objectif de réduction de 15% de la consommation électrique dans la région de l’Est du Japon, les gros usagers étant soumis à des restrictions[4]. Les « blackouts » ont été évités, l’objectif des 15% a été atteint et même dépassé à Tokyo ou dans le Tohoku et le reste de l’Archipel a enregistré une baisse de 10% de la consommation électrique. Un tour de force. Néanmoins, cela s’est traduit par un ralentissement du rythme de production dans les grandes entreprises.
Pour compenser la baisse de production de l’électricité nucléaire, l’utilisation des centrales thermiques est montée en puissance. Ce qui s’est traduit par un boom des importations de pétrole et de gaz naturel liquéfié qui a fortement contribué au déficit commercial de 2011, le premier depuis 31 ans, avec une hausse des importations de 12% et une baisse de 2,7% des exportations.
L’impact économique immédiat de la triple catastrophe a été la paralysie de nombreuses chaînes de production à travers tout l’archipel, faute d'un approvisionnement suffisant en matériaux (acier, ferronickel, zinc, éthylène, résines, galettes de silicium...), en composants électroniques et pièces détachées car de très nombreuses usines produisant des biens intermédiaires s'étaient localisées le long de la côte pacifique du Tohoku au Nord Kantô afin de profiter des facilités de transport de la côte pacifique. Les secteurs de l’électronique et de l’automobile ont été particulièrement touchés, Toyota voyant même sa production domestique baisser de près de 63% en mars.
Le retour à des rythmes de production équivalents ou supérieurs à ceux d’avant le 11 mars a été plus rapide que prévus : 80% des unités de production des zones dévastées et 83% des usines dans le reste de l’archipel y étaient déjà parvenues avant le mois de juillet[1]. Dès juin, l’industrie des semi-conducteurs dans son ensemble avait retrouvé un rythme normal. Celle de la construction automobile, aux réseaux d’approvisionnement plus complexes, début octobre. Mais, les tensions sur l’approvisionnement électrique sont venues perturber les rythmes de production[2].
En effet, l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a non seulement fait chuter d’un tiers la capacité de production électrique de TEPCO[3]. Plus grave encore, les réacteurs en inspection en 2011 et début 2012 n’ont pu redémarrer à cause de l’opposition des populations concernées. Actuellement, seul 2 réacteurs sur 54 sont en service.
L’arrêt progressif de la production de l’électricité nucléaire a créé des tensions sur l’offre énergétique faisant craindre des « blackouts » durant l’été. Le gouvernement a fixé un objectif de réduction de 15% de la consommation électrique dans la région de l’Est du Japon, les gros usagers étant soumis à des restrictions[4]. Les « blackouts » ont été évités, l’objectif des 15% a été atteint et même dépassé à Tokyo ou dans le Tohoku et le reste de l’Archipel a enregistré une baisse de 10% de la consommation électrique. Un tour de force. Néanmoins, cela s’est traduit par un ralentissement du rythme de production dans les grandes entreprises.
Pour compenser la baisse de production de l’électricité nucléaire, l’utilisation des centrales thermiques est montée en puissance. Ce qui s’est traduit par un boom des importations de pétrole et de gaz naturel liquéfié qui a fortement contribué au déficit commercial de 2011, le premier depuis 31 ans, avec une hausse des importations de 12% et une baisse de 2,7% des exportations.
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Malgré la violence de la triple catastrophe, la croissance économique réelle ne s’est repliée que de 0,9% en 2011, soit beaucoup moins que pendant la crise mondiale de 2009 (-5,5%). D’ailleurs, la contraction de croissance du premier trimestre 2011 (-6,8%[5]), qui est liée au choc du 11 mars, a été nettement moins forte que celle enregistrée après le choc Lehman Brothers (respectivement -12,3% et -14,8% au quatrième trimestre 2008 et premier trimestre 2009). Durant l’année 2012, l’économie japonaise devrait retrouver le chemin de la croissance, entre 1,2% et 2,9% selon les prévisions[6], grâce aux travaux de reconstruction. Le coût de la reconstruction, d’une durée d’une dizaine d’années, est estimé par les autorités à 23 trillions de yen (215 milliards d’euros), dont 19 trillions seraient dépensés les cinq premières années. Les rythmes de croissance futurs dépendront des immenses défis à relever pour l’Archipel : choix énergétiques, compétitivité des exportations, stabilisation de la dette publique et vieillissement démographique.
[1]Enquête du METI du 14 juin- 1 juillet 2011
[2] Ainsi que les inondations en automne en Thaïlande.
[3] Elle dessert la région de Tokyo et ses environs.
[4] Jusqu’à la deuxième quinzaine de septembre.
[5] En rythme annualisé, variation par rapport au quatrième trimestre 2010.
[6] BNP Paribas (février 2012), FMI (janvier 2012)
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