Quelles conséquences aux résultats de l’élection présidentielle en Turquie ?
Vidéo du 25 mai 2023 - Dans les médias
00:07:17
Avec
- Deniz Unal Économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII)
Recep Tayyip Erdogan se place en tête du premier tour de l'élection présidentielle
"Pour la première fois, Erdogan ne passe pas au premier tour. Mais l'on s'attendait tellement à ce que Kiliçdaroglu passe au premier tour que beaucoup de spécialistes sont étonnés des résultats" constate Deniz Unal. "Il faut croire qu'il n'y avait pas suffisamment de monde en Turquie pour continuer à croire à une économie libérale, institutionnalisée et modérée. Les Turcs sont finalement allés vers les promesses électorales qui ont été annoncées par Erdogan, en dépit des inégalités qui ont augmenté. Et ce, en dépit du fait que c'est désormais à peine 25 % du PIB qui va vers les travailleurs, vers les salariés. Alors qu'il y a dix ans, c'était dix points de plus... En Inde aussi, les extrêmes gagnent dans d'autres pays autocratiques. Les extrêmes, finalement, se renforcent par rapport à un fonctionnement libéralisé de l'économie."
Comment expliquer ces résultats, malgré l'échec de la politique économique d'Erdogan ?
Pour Deniz Unal une partie de la réponse se trouve du côté de la progression de l'extrême droite dans le pays. "Un troisième candidat a fait un très beau score et a obtenu plus de 5 % des votes. Son principal thème de campagne est de mettre les Syriens dehors. C'est un homme qui est issu du parti MHP qui a fait alliance avec Erdogan au pouvoir. Mais il s'était justement écarté de son alliance sur la question syrienne." Le score d'Erdogan s'explique notamment par l'augmentation des salaires, explique l'économiste. "En une année, Erdogan a augmenté trois fois le SMIC. Et il a promis qu'il allait l'augmenter encore plus. Dans la fonction publique, il a même augmenté les salaires beaucoup plus en moyenne que le SMIC. Et il promet d'autres augmentations."
Face à l'inflation galopante, l'économie turque est en péril
"Dès lors que l'inflation est très haute, en Turquie, les salaires ne peuvent pas demeurer stable. C'est peut être comme cela que les Turcs ont raisonné. Et cela peut paraître un bon raisonnement. Sauf que, par ailleurs, alerte Deniz Unal, les politiques non cohérente que l'exécutif mène font que l'inflation va continuer à augmenter et la livre turque va probablement ouvrir la semaine avec des chutes énormes. Et là, le gouvernement turc n'a plus dans ses caisses aucun kopek. Nous sommes en négatif en réserve officielle. Le déficit courant est conséquent et notre dette peut s'alourdir du jour au lendemain. L'économie turque est en péril" conclut l'économiste.
Cette vidéo et cet article ont été publiés sur France Culture.
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