Nouveau pacte financier mondial
Audio du 26 juin 2023 - Dans les médias
Les experts :
- Thomas Grjebine, économiste au CEPII, responsable du programme “Macroéconomie et finance internationales”
- Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance, auteur de " Le grand basculement "
- Sylvie Matelly, économiste - Directrice adjointe de l'IRIS, Institut de Relations Internationales et Stratégiques
- Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique - France Télévisions
Présenté par Caroline Roux, Axel de Tarlé
Devant un parterre de cinquante chefs d'États et des responsables d'organisations internationales, le président de la République a appelé à la "mobilisation générale" pour mettre en place des taxations internationales sur les transactions financières, les billets d'avion et le transport maritime.
En France, "nous sommes numéro deux au niveau mondial en termes de niveaux" de prélèvements obligatoires. Et pourtant nous avons une taxe sur les compagnies aériennes, nous avons une taxe sur les transactions financières (TTF). Nous avons mis en œuvre les deux", a-t-il affirmé. « Aidez-nous à aller chercher tous les pays qui aujourd'hui n'ont pas de TTF et qui aujourd'hui n'ont pas de taxation sur les billets d'avion. Aidez-nous à mobiliser à l'Organisation maritime internationale en juillet pour qu'il y ait une taxation internationale", a lancé le chef de l'État. "La taxation internationale dans un seul pays, ça ne marche pas", a-t-il ajouté, juste avant la clôture du sommet.
Emmanuel Macron n'a également pas totalement exclu de plaider pour un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) au niveau mondial pour financer la lutte contre le changement climatique, après l'avoir largement supprimé en France. "J'ai supprimé une partie de l'ISF en France parce qu'on était quasiment les seuls à le faire", a-t-il expliqué. Faut-il donc un "ISF climatique mondial"? "Je pense qu'il faut une taxation internationale qui finance cela", a éludé Emmanuel Macron alors que le débat sur un ISF vert pour financer la transition écologique est relancé dans l’hexagone.
Proposé dans le rapport de l'économiste Jean Pisani-Ferry, mandaté par la Première ministre Elisabeth Borne, afin de financer la transition écologique, l’idée est défendue par la Nupes mais aussi par des personnalités à droite. Ainsi l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a pris position ces derniers jours pour un ISF vert, arguant que les plus riches "doivent montrer l’exemple". "Il faut accepter que ceux qui ont plus fassent davantage, et que chacun contribue à la mesure de ses capacités", a-t-il insisté. Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici a de son côté jugé que le débat avait été "trop vite" évacué par le gouvernement. Dès le lendemain de la publication du rapport Pisani-Ferry, le ministre de l’Économie et N.2 du gouvernement avait fermé le ban en affirmant que pour financer les investissements nécessaires à la transition écologique, les impôts et l’endettement n’étaient "pas de bonnes options". Selon des propos rapportés par Le Figaro, Emmanuel Macron avait ensuite évoqué le sujet en Conseil des ministres pour mieux le dénoncer, estimant qu’il fallait "éviter le piège à la con de la fiscalité des plus riches."
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2017, l'ISF a été supprimé et remplacé par l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) en 2018. Depuis les économistes et analystes politiques sont partagés sur l’impact de cette mesure - certains y voient un outil de lutte contre l'exil fiscal et pointent l’exemple de la Norvège qui vient de voir une trentaine de milliardaires quitter le pays après avoir augmenté ses impôts de 0,1%, tandis que d’autres fustigent une baisse importante des recettes fiscales, un creusement des inégalités sociales et rappellent l’exemple des États-Unis où une personne possédant la nationalité américaine doit payer des impôts sur ses revenus, où qu'elle soit sur la planète.
Alors comment financer la lutte contre le réchauffement climatique ? Emmanuel Macron évoque un "consensus complet" pour "réformer en profondeur" le pacte financier mondial. Quel est-il ? Enfin où en est le projet "Singapour-sur-Tamise", défendu pendant de long mois par les partisans du Brexit, à savoir faire de Londres un paradis fiscal, faiblement réglementé, aux portes de l’Europe.
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