La Chine à l’OMC : quel bilan ?
La Chine est entrée à l’OMC en décembre 2001. Les termes de son accession reflétaient l’accord de la Chine et de ses partenaires sur un double objectif : intégrer le pays dans l’économie mondiale et ancrer le processus de réformes économiques internes et d’ouverture.
Par Françoise Lemoine
L’accès au marché
L’explosion des exportations et de l’excédent commercial chinois doit peu à l’OMC
Economies émergentes | Commerce & Mondialisation
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Pour ses partenaires, la priorité était d’ouvrir la Chine plus largement au commerce et aux investisseurs étrangers. A la suite de son entrée, la Chine a abaissé ses tarifs douaniers (de 24% en moyenne à 9.6%, leur niveau actuel qui est plus bas que celui de l’Inde ou du Brésil) et elle a supprimé la plupart des restrictions quantitatives aux échanges. Elle allégé les restrictions pesant sur les investissements directs étrangers dans les industries manufacturières et a ouvert certains services marchands aux investisseurs étrangers (distribution, banques et assurances, télécommunications).
Comment mesurer les progrès de l’ouverture? De 2000 à 2010, les importations de la Chine ont progressé très vite et elles représentent actuellement 24% du PIB contre 19%, il y a dix ans. La progression est encore plus nette si l’on considère les seules importations destinées au marché intérieur (hors le commerce de processing), puisque leur poids dans le PIB est passé de 11% à 17%. Certes, une bonne partie de cette augmentation vient du gonflement de la facture des produits primaires, mais tout compte fait, les importations de produits industriels manufacturés pour la demande intérieure ont aussi augmenté rapidement, passant de 9% à environ 12% du Pib. C’est plus que le ratio correspondant aux Etats-Unis (7.4%).
Parallèlement, la Chine est devenue le deuxième pays d’accueil des investissements directs internationaux (avec 9% des flux mondiaux), et même si l’on exclut ceux qui viennent de Hongkong (et sont souvent de faux IDE), les flux vers la Chine ont doublé, de 25 à 44 milliards de dollars. Depuis 2004, la Chine a accueilli plus d’investissements directs américains et japonais qu’aucun des autres BRIC (Brésil, Russie, Inde). Dans les investissements à l’étranger des entreprises européennes, elle tend désormais à prendre le pas sur la Russie.
Certes, les sources de tensions demeurent entre la Chine et ses partenaires quant à l’accès au marché. Il reste des restrictions aux IDE sous forme de plafond dans le capital des entreprises ou de seuils élevés d’investissements, etc. Le secteur financier dominé par les banques d’Etat s’est, de fait, peu ouvert. En outre, la Chine n’a toujours pas signé l’accord international sur les achats publics, ce qui lui permet d’avoir une législation qui favorise explicitement les productions locales dans ses appels d’offre.
Comment mesurer les progrès de l’ouverture? De 2000 à 2010, les importations de la Chine ont progressé très vite et elles représentent actuellement 24% du PIB contre 19%, il y a dix ans. La progression est encore plus nette si l’on considère les seules importations destinées au marché intérieur (hors le commerce de processing), puisque leur poids dans le PIB est passé de 11% à 17%. Certes, une bonne partie de cette augmentation vient du gonflement de la facture des produits primaires, mais tout compte fait, les importations de produits industriels manufacturés pour la demande intérieure ont aussi augmenté rapidement, passant de 9% à environ 12% du Pib. C’est plus que le ratio correspondant aux Etats-Unis (7.4%).
Parallèlement, la Chine est devenue le deuxième pays d’accueil des investissements directs internationaux (avec 9% des flux mondiaux), et même si l’on exclut ceux qui viennent de Hongkong (et sont souvent de faux IDE), les flux vers la Chine ont doublé, de 25 à 44 milliards de dollars. Depuis 2004, la Chine a accueilli plus d’investissements directs américains et japonais qu’aucun des autres BRIC (Brésil, Russie, Inde). Dans les investissements à l’étranger des entreprises européennes, elle tend désormais à prendre le pas sur la Russie.
Certes, les sources de tensions demeurent entre la Chine et ses partenaires quant à l’accès au marché. Il reste des restrictions aux IDE sous forme de plafond dans le capital des entreprises ou de seuils élevés d’investissements, etc. Le secteur financier dominé par les banques d’Etat s’est, de fait, peu ouvert. En outre, la Chine n’a toujours pas signé l’accord international sur les achats publics, ce qui lui permet d’avoir une législation qui favorise explicitement les productions locales dans ses appels d’offre.
L’explosion des exportations et de l’excédent commercial chinois doit peu à l’OMC
Si la Chine semble avoir plus gagné que ses partenaires à entrer à l’OMC, c’est principalement au vu de l’expansion de ses exportations depuis dix ans. Elle n’était que la 6ème puissance exportatrice mondiale en 2000, elle est devenue la première en 2010, avec une part dans les exportations mondiales de biens industriels qui est passée de 6% à 15%. En 2001, on savait que la Chine allait gagner des parts de marché dans les industries à forte intensité de main d’œuvre, et spécialement dans le textile grâce à la suppression en 2005 des quota en vigueur dans les pays importateurs. En réalité, la fabuleuse expansion des exportations chinoises dans les années 2000, est venue surtout de leur diversification et elle doit plus à la révolution des TIC et à un environnement international très porteur jusqu’en 2007, qu’à son entrée à l’OMC.
L’explosion de l’excédent commercial chinois vient aussi des politiques de substitution d’importations mises en œuvre par la Chine dans les industries capitalistiques La plupart des exercices de simulations faits avant son accession montraient que dans les secteurs capitalistiques, et notamment dans l’automobile, les productions chinoises souffriraient de la concurrence étrangère. Or il n’en a rien été, puisque toutes les multinationales du secteur sont venues produire en Chine pour être plus proches d’un marché en forte expansion, et abrité par des droits de douanes relativement élevés. Dans d’autres industries lourdes (machines, acier), les entreprises chinoises ont développé des investissements de capacité au cours des années 2000, réduisant les besoins d’importation.
Tout en respectant la lettre de ses engagements à l’OMC, la Chine a gardé la main sur sa politique industrielle, à travers sa politique de crédit, des mesures fiscales (manipulation des taux de remboursements de TVA sur les produits exportés), sa politique de change.
En 2001, on prévoyait que la transition chinoise vers une économie de marché concurrentielle de modèle « occidental » serait longue, et c’est à ce titre que ses partenaires peuvent lui refuser le statut d’économie de marché jusqu’en 2015. On ne prévoyait pas que cette transition serait semée de tant de succès.