Quid de la croissance ?

Si une faible inflation est en général bien perçue par les consommateurs, celle-ci peut, lorsqu’elle est durable, être néfaste pour les perspectives de croissance de l’économie. Un bas niveau d’inflation affecte en effet la profitabilité des entreprises, qui éprouvent alors des difficultés à financer leurs investissements, jouant en conséquence négativement sur l’emploi et l’activité économique. La reprise de l'inflation amorcée dernièrement reste encore très discrète, même si celle-ci devrait être renforcée par les récentes augmentations, observées et anticipés, des salaires (notamment en Allemagne). Les secteurs ne seront toutefois pas tous concernés, les emplois bénéficiant le plus fortement de la hausse étant ceux liés aux nouvelles technologies et, dans une moindre mesure, aux services de proximité. La diffusion de l’inflation salariale prendra donc du temps.

Comment peut évoluer le financement des entreprises ?

La croissance économique nécessite naturellement d’être accompagnée financièrement afin d’être soutenue. En particulier, la croissance dépend de la capacité des entreprises à financer leurs investissements, notamment les investissements innovants. Si le financement des entreprises américaines relève, pour une large part, des marchés financiers, celui des firmes européennes est majoritairement constitué de prêts bancaires. Le paysage évolue toutefois fortement, avec une tendance croissante à la désintermédiation, processus amplifié par le développement de nouvelles technologies en matière de transactions financières, à l’instar de la blockchain. En vue de soutenir la croissance, et en complément du crédit bancaire, les entreprises tendent ainsi à diversifier leurs sources de financement via le recours aux marchés financiers pour les plus grandes d’entre elles et le financement participatif pour les très petites, petites et moyennes entreprises.

La blockchain, une innovation à investir dès maintenant ?

La blockchain peut effectivement être qualifiée d’innovation fondamentale. Si la finance reste son domaine d’application privilégié, en permettant aux détenteurs de titres de procéder à des échanges instantanément, en toute sécurité et sans intermédiaire financier, l’ensemble de l’économie est concerné : santé, télécommunications, transports, assurances, immobilier, énergie, vote en ligne ou encore climat. Si le champ des possibles semble illimité, il convient de souligner que la blockchain nécessite une évolution des pratiques et des mentalités, puisqu’elle revient à abandonner une longue tradition de gestion centralisée au profit d’un système décentralisé et dépourvu de toute autorité de contrôle. Le degré élevé de nouveauté qu’elle comporte requiert des efforts importants de la part des utilisateurs qui vont devoir se l’approprier et nécessite, du fait de sa complexité, des changements organisationnels, technologiques et institutionnels majeurs. Les entreprises doivent s’y préparer en investissant dès à présent dans les technologies nécessaires au développement de la blockchain et en accordant une attention toute particulière aux compétences organisationnelles requises. Au total, même si l’adoption de la blockchain semble aller de soi, celle-ci nécessitera du temps, comme pour toute innovation majeure.

Propos recueillis par Pierre Talbot

Article original dans la revue En Essonne Réussir