Chine : la hausse des salaires ne menace pas la compétitivité
La hausse moyenne des salaires des travailleurs urbains a été de 13% en 2010 et de 15% en 2011. Compte tenu de l’inflation, cela correspond à une hausse réelle de l’ordre de 9 à 10%. Cette augmentation ne représente pas une inflexion notable par rapport à l’ensemble de la décennie 2000-2010, où la hausse des salaires réels a été de l’ordre de 10% par an en moyenne, soit un rythme analogue à celui des gains de productivité. Certes les salaires minima ont fortement été relevés ces deux dernières années (ils ont augmenté en moyenne de 22% en 2010 comme en 2009, en termes nominaux), mais cela vient en partie compenser leur gel en 2009 et ils concernent très peu de salariés.
Le salaire moyen mensuel des salariés urbains du secteur formel (133 millions de personnes) était de 400 euros en 2011. La rémunération des travailleurs migrants (170 millions venant de la campagne) est sensiblement plus basse et ne s’accompagne pas des mêmes avantages sociaux. Le salaire minimum est fixé au niveau de chaque province (à Pékin il est de 156 euros par mois en 2012). Jusqu’ici, la situation du marché du travail n’a été que peu favorable à la masse des travailleurs peu qualifiés. L’augmentation considérable de la population en âge de travailler (+360 millions de 1980 à 2010) et le transfert massif de main d’œuvre de l'agriculture vers l'industrie ont créé une situation qui a pesé à la baisse sur les salaires.
Mais des changements démographiques importants se profilent. A partir de 2015, la population d’âge actif va diminuer et le nombre de jeunes de 15-25 ans a déjà commencé à baisser. Pour certains observateurs, la Chine a déjà atteint le moment où ses réserves de main-d'œuvre ont cessé d’être « illimitées » ce qui explique les hausses de salaires des dernières années. Pourtant, d’autres considèrent que la Chine est loin d’avoir épuisé sa réserve de main-d'œuvre car il y a encore un grand nombre de migrants potentiels dans les campagnes (80 millions). Le redéploiement géographique de la croissance vers les provinces intérieures freine l’émigration vers les provinces côtières, qui peuvent alors faire face à des pénuries locales de main-d'œuvre. Dans ces conditions les entreprises exportatrices adoptent différentes stratégies : certaines se délocalisent dans les pays voisins à salaires plus bas (Vietnam), d’autres transfèrent leur activité dans les provinces de l’intérieur où les salaires sont plus bas, enfin d’autres investissent pour gagner en productivité.