Nouvelles donnes et incertitudes

En dépit d’une reprise qui s’est confirmée aux États-Unis et d’un retour timide mais sensible de la croissance en zone euro, les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale sont grandes.

Incertitudes tout d’abord quant à la nature de cette reprise dans laquelle on ne retrouve ni les moteurs, ni la séquence habituels. L’investissement reste atone tandis que l’inflation ne repart pas. Faut-il y voir une faiblesse passagère de la demande ou bien l’installation d’un phénomène de stagnation séculaire ? Peut-on faire redémarrer l’investissement sans relancer le cycle financier ?

A cet égard, les incertitudes concernent aussi l’efficacité des politiques monétaires non conventionnelles. Les risques qu’elles font peser sur l’évolution des prix des actifs restent au cœur des débats. Surtout, au-delà de leurs effets sur les taux d’intérêt de long terme et sur le change, ces politiques ont-elles définitivement éloigné le risque de déflation ? Les banques centrales sauront-elles trouver le bon moment pour mettre un terme à leurs programmes d’assouplissement quantitatif sans provoquer d’ajustement brutal sur les marchés financiers et des changes ?

Incertitudes aussi quant aux perspectives des économies émergentes. Moteurs de la croissance mondiale aux lendemains de la crise financière, bénéficiaires d’importants flux de capitaux dans un contexte de taux d’intérêt particulièrement bas dans les pays avancés, ces économies vont devoir faire face, vraisemblablement avant la fin de l’année, au resserrement monétaire américain. Leurs conditions de financement pourraient devenir plus difficiles alors que la croissance n’est plus aussi vive, notamment dans les pays exportateurs de matières premières qui pâtissent de la faiblesse des cours mais aussi en Chine. Dans ce contexte l’Inde, avec une croissance qui, pour la première fois depuis vingt ans, devrait dépasser celle de la Chine, saura-t-elle relever les défis structurels qui lui permettraient de devenir la prochaine grande puissance asiatique ?

Incertitudes, enfin, quant au commerce mondial, dont le ralentissement ne tient pas uniquement à celui de la croissance mondiale. Son évolution depuis 2011 laisse plutôt augurer une nouvelle ère de la mondialisation tempérée par le recentrage de l’économie chinoise et la fin du développement accéléré des chaînes de valeur mondiales.