Conférence de presse du CEPII, CAE & Bruegel.
Accès réservé aux journalistes
Inscrite au rang de ses priorités par la présidence française du G20, la réforme du SMI a fait l’objet de deux rapports récents.
Avec la participation de :
Christian de Boissieu, Directeur délégué du Conseil d’analyse économique
Agnès Bénassy-Quéré, Directrice du CEPII
Jean Pisani-Ferry, Directeur de Bruegel
Pierre-Olivier Gourinchas, Professeur d’Economie, Université de Berkeley
Les intervenants seront disponibles pour des entretiens individuels avec les journalistes intéressés de 10h à 11h. Pour organiser ces entretiens, contacter Sophie Piton.
Le 99ème rapport du Conseil d'analyse économique offre trois contributions d'économistes reconnus sur les pistes d'évolution et de réforme du système monétaire international - l'un des chantiers ouverts par la présidence française du G20. La réforme du SMI se justifie pour au moins deux raisons.
La première tient aux liens étroits qu'entretiennent les déséquilibres monétaires (instabilité des taux de change, déséquilibres persistants des balances courantes, accumulation excessive de réserves, retournements brutaux des flux de capitaux) et les déséquilibres financiers (bulles spéculatives, emballement ou rationnement du crédit, crises bancaires, crises d'illiquidité, ...). Cela signifie que la réforme de la régulation financière doit nécessairement s'accompagner d'une réorganisation du système monétaire international afin que soient mis en place des mécanismes garantissant une fourniture coordonnée et suffisante de liquidité internationale et une meilleure adéquation des taux de change aux fondamentaux.
La seconde raison tient à la nécessité d'adapter le SMI à une économie mondiale dont le centre de gravité s'est déplacé avec la montée en puissance des grands pays émergents tels que la Chine. Le SMI hégémonique centré sur le dollar ne convient plus à la multipolarité croissante de l'économie mondiale. La transition qu'il s'agit d'encourager est donc celle vers un SMI plus multipolaire. Cette transition est souhaitable mais n'est pas sans dangers. D'où la nécessité de la réflexion approfondie sur les chemins à prendre proposée dans ce rapport.
Le rapport co-écrit par le CEPII et Bruegel met en perspective historique la situation actuelle et propose une analyse prospective du système monétaire international. Les auteurs envisagent trois scénarios pour les quinze prochaines années et leurs implications pour la zone euro. Le premier consisterait en une amélioration du système actuel. Le second serait un système multipolaire, avec plusieurs devises internationales clés. Le troisième verrait l'émergence d’un actif de réserve émis au niveau international. Si, à court terme, les chances de transformation radicale sont faibles, les auteurs estiment que l’émergence de nouvelles devises internationales au côté du dollar est le scénario le plus probable à l'horizon 2025. Le renminbi et l’euro sont les principaux candidats mais il est possible qu’un seul des deux y parvienne ou, qu’à plus long terme, une autre devise émerge.
Dans la mesure où elle s’accompagnerait d’une mobilité des capitaux et d’une flexibilité des changes entre les différentes monnaies clés, cette évolution pourrait apporter des améliorations substantielles en termes d'allocation internationale des capitaux, de stabilité et d'équité. Elle implique cependant que chaque pôle assume les responsabilités internationales qui vont avec son statut. Par ailleurs, les risques d'instabilité seront importants durant la transition, rendant plus que jamais nécessaire une coordination entre les banques centrales.
Si, à l'horizon de cinq ans, le renminbi peut assez facilement atteindre un statut comparable à celui de la livre sterling ou du franc suisse aujourd'hui, de profondes réformes structurelles seront nécessaires en Chine pour que la monnaie joue à jeu égal avec le dollar. Quant à la zone euro, il faudrait non seulement qu'elle résolve ses problèmes de gouvernance, mais qu'elle achève son intégration financière et accepte les responsabilités qui incombent à un pays émetteur de liquidité internationale, en particulier que la BCE soit disposée à jouer un rôle de prêteur en dernier ressort international, comme l'a fait la Fed durant la crise. A terme, le statut international de l’euro impliquerait également une représentation unifiée dans les institutions financières internationales.
Selon les auteurs, les forces de marché jouent en faveur d'une multi-polarisation du SMI, mais quelques réformes clés seront nécessaires pour qu'elle se produise effectivement. A l'inverse, le système actuel pourrait s'avérer de moins en moins adapté à une économie mondiale désormais multipolaire. Un autre scénario possible serait l’émergence d’un système monétaire organisé autour d’une quasi-monnaie internationale avec gestion centralisée de la liquidité internationale. Les auteurs du rapport jugent ce scénario alternatif peu probable, sauf nouvelle crise majeure.
Rapport conjoint CEPII-Bruegel : “Global currencies for tomorrow: a European perspective”, par Ignazio Angeloni, Agnès Bénassy-Quéré, Benjamin Carton, Christophe Destais, Zsolt Darvas, Jean Pisani-Ferry, André Sapir, Shahin Vallée, CEPII Research Report 2010-11, Bruegel Blueprint 13. Rapport commandé par la Commission Européenne. Juillet 2011.
CAE, Réformer le système monétaire international, par Agnès Bénassy-Quéré, Emmanuel Farhi, Pierre-Olivier Gourinchas, Jacques Mistral, Jean Pisani-Ferry, Hélène Rey. Juillet 2011.
Contact :
Sophie Piton - CEPII
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