Sommes-nous en train de passer d’un monde de chocs de demande à un monde de chocs d’offre dans lequel les politiques économiques doivent être repensées ? C’est en tout cas ce que suggère Mario Draghi [2024a] : « Au cours des trois dernières décennies, les principales sources de perturbation de la croissance ont été les chocs de demande […] Au contraire, des chocs d’offre négatifs plus fréquents, plus graves et même plus importants sont susceptibles de se produire à mesure que nos économies s’adaptent [au] nouvel environnement », marqué par la montée des tensions géopolitiques et par l’urgence du changement climatique. Dans un tel monde, la politique monétaire est moins à même que la politique budgétaire de stabiliser l’économie. Ce qui n’est pas sans poser de difficultés dans un contexte où les marges de manœuvre budgétaires paraissent limitées, et les besoins d’investissement massifs, notamment pour la transition écologique.
L’Europe est particulièrement concernée avec une croissance faible et des questions sur la stabilisation de la dette publique dans plusieurs pays. S’y ajoutent un risque de décrochage économique et technologique, une croissance faible de la productivité dans la zone euro par rapport à celle des États-Unis, et des investissements industriels qui sont loin de suivre le rythme des économies asiatiques et américaine. L’enjeu pour l’Europe est aussi de s’adapter au changement de paradigme en cours dans l’économie mondiale. Car ce ne sont pas seulement les chocs d’offre qui changent la donne, mais également les politiques de l’offre, dans leur version moderne, qui se déploient dans les économies avancées pour localiser sur leur sol les industries stratégiques. Résultat, la stratégie de croissance chinoise orientée sur les exportations, en mal de débouchés, ne reçoit plus le même accueil sur les marchés étrangers que par le passé.
Tout ceci conduit à une montée des tensions commerciales et à une multiplication des mesures de protection, motivée par les politiques de sécurité économique visant à promouvoir les capacités industrielles nationales et à se protéger des risques que les interdépendances occasionnent. Et bien que chacun reconnaisse que la coordination internationale permettrait d’améliorer l’efficacité de ces mesures, notamment des contrôles des exportations, celle-ci peine à se mettre en place.
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L’Europe est particulièrement concernée avec une croissance faible et des questions sur la stabilisation de la dette publique dans plusieurs pays. S’y ajoutent un risque de décrochage économique et technologique, une croissance faible de la productivité dans la zone euro par rapport à celle des États-Unis, et des investissements industriels qui sont loin de suivre le rythme des économies asiatiques et américaine. L’enjeu pour l’Europe est aussi de s’adapter au changement de paradigme en cours dans l’économie mondiale. Car ce ne sont pas seulement les chocs d’offre qui changent la donne, mais également les politiques de l’offre, dans leur version moderne, qui se déploient dans les économies avancées pour localiser sur leur sol les industries stratégiques. Résultat, la stratégie de croissance chinoise orientée sur les exportations, en mal de débouchés, ne reçoit plus le même accueil sur les marchés étrangers que par le passé.
Tout ceci conduit à une montée des tensions commerciales et à une multiplication des mesures de protection, motivée par les politiques de sécurité économique visant à promouvoir les capacités industrielles nationales et à se protéger des risques que les interdépendances occasionnent. Et bien que chacun reconnaisse que la coordination internationale permettrait d’améliorer l’efficacité de ces mesures, notamment des contrôles des exportations, celle-ci peine à se mettre en place.
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