Mettre les fonds de pension au service de la croissance
Benoît Coeuré
Le débat français sur la réforme des retraites a longtemps été marqué par l’opposition entre la répartition, où les pensions sont payées chaque année par les cotisations des salariés actifs, et la capitalisation, où les salariés épargnent, individuellement ou collectivement, en vue de leur retraite future. Des éléments de capitalisation ont été introduits en France : le Fonds de réserve des retraites en 1998, les plans d’épargne retraite populaire en 2003, mais la répartition demeure la référence. Or les Français ignorent souvent que d’autres pays ont choisi de généraliser l’épargne retraite et que les fonds de pension y atteignent des tailles considérables. L’objet de ce chapitre n’est pas de revenir sur le choix entre répartition et capitalisation, mais d’éclairer à la lumière des évolutions les plus récentes les questions que posent l’organisation de ces "nouveaux géants", leur spécificité en tant qu’intermédiaires financiers et leur influence sur les marchés financiers mondiaux. L’ingénierie financière peut-elle aider les fonds de pension à honorer leurs engagements ? Les risques financiers et démographiques sont-ils supportés de manière équitable par les cotisants et les retraités ? Comment faire en sorte que l’épargne collectée par les fonds de pension soit investie dans l’économie productive et contribue ainsi à la croissance de long terme, sans faire peser trop de risques sur les futurs retraités ? Pour répondre à ces questions, il faut faire appel aussi bien à la microéconomie qu’à la macroéconomie et à la finance. [...]
Benoît Coeuré
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